De notre correspondant à Constantine Abdelhamid Lemili Après le flou artistique autour de la réalisation du tramway de la ville de Constantine, les choses semblent plus précises depuis jeudi dernier consécutivement à la rencontre qu'a organisée, ce jour-là, le wali pour le compte de la presse notamment et réunissant l'essentiel des acteurs impliqués par cette «réalisation structurante qui n'en demeure qu'une au même titre que le reste des autres projets appelés à moderniser la ville», n'a cessé de rappeler le wali, Abdelmalek Boudiaf. La rencontre qui s'est tenue au sein de la salle de conférences du nouveau siège de la wilaya (cité Daksi) a réuni côté pilotes, les représentants du bureau d'études français Ingerop, ceux de Pizarotti l'entreprise italienne de réalisation et, enfin, Egis-Rail ainsi que l'essentiel des cadres de l'exécutif et autres sociétés prestataires versées dans le projet, à l'image de la Seaco, de la Sonelgaz, de l'ONA, d'Algérie Télécom et, enfin, de l'Entreprise du métro d'Alger (EMA) ainsi que les délégués des corporations de transport collectif privé (bus, taxis). En interrompant fréquemment la présentation de la situation d'avancement des travaux faite par le représentant de Pizarotti, le wali a tenu à laisser affleurer l'impression que les cadres de l'exécutif et autres responsables des entreprises précédemment évoqués ne sont pas stricto sensu imprégnés de la réalité du terrain ou du moins ne la soupèsent-ils pas à la dimension du projet appelé à entrer dans la phase la plus importante de réalisation à partir de la semaine prochaine. Une phase qui chamboulerait littéralement le cadre de vie des habitants. D'où, à juste raison, la décision du premier responsable de la wilaya d'inviter la presse écrite et parlée à vulgariser les possibles conséquences des pharaoniques chantiers qui seront ouverts incessamment et qui forcément ne peuvent qu'être à l'origine de gêne et de désagréments obligatoires et obligés. En tout état de cause, le dilettantisme affiché par certains responsables locaux a irrité le wali qui, à plusieurs reprises, a brandi le poing et sérieusement mis en garde ceux qui lanternaient ou ne prenaient pas trop au sérieux leurs responsabilités, les invitant à «libérer leur poste s'ils ne se sentent pas capables d'honorer la mission qui leur est dévolue dans ce cadre». En ce qui concerne les phases de réalisation, celles-ci sont réparties en fonction des caractéristiques spécifiques à chaque zone et la complexité des aménagements à entreprendre pour livrer le meilleur tracé au produit (tramway) et dans les meilleures conditions aux riverains et voisinage immédiat du parcours (étudiants de l'université Mentouri, résidents des cités universitaires et populations de Zouaghi, de Aïn El Bey et bien entendu du chef-lieu de commune). Le tramway couvrira 8,1 km de trajet avec dix stations d'arrêt (Ciloc, mosquée AEK, cité Khouil, Z.I. Palma, université, cité universitaire, institut d'architecture, Aïn El Bey, Zouaghi) et une possible onzième station… optionnelle au centre de dépôt. 27 rames conduites à vue devront assurer la desserte au profit de 6 000 usagers par heure avec la présence d'une rame toutes les vingt secondes à chaque station. Le représentant de l'entreprise italienne Pizarotti tiendra également à souligner que les travaux ont avancé à une bonne cadence mais aussi que la vitesse de croisière sera atteinte une fois le plus important entamé. Par important, il faut évidemment comprendre la réalisation de gros ouvrages mais également l'élimination de certains autres comme le pont situé à hauteur du périphérique ou encore la trémie à proximité de l'université des sciences islamiques. De fait, la circulation devrait être revue. Un nouveau plan pris en concertation avec une commission ad hoc est déjà établi et devrait être mis à exécution très prochainement. Grand flou autour de la livraison même si les délais contractuels existent S'agissant des délais de réalisation et, par voie de conséquence, de livraison du tramway, le plus grand flou entourera la question posée. Là où les réponses données demeurent très approximatives : «Les délais contractuels sont de 31 mois. Le projet a été entamé le 28 octobre 2008. Onze mois ont déjà été consommés.» Rien que ça et alors que le plus gros et surtout le plus complexe reste à faire !!! Le représentant de Pizarotti ne se hasardant pas d'ailleurs à donner une date exacte, sachant, pour sa décharge et eu égard surtout aux lenteurs administratives, pour ne pas dire bureaucratiques locales, que «rien n'est gravé dans le marbre» comme il le soulignera lui-même. Quoique, à notre question, entre autres, du coût et des inéluctables surcoûts prévisibles en raison des retards possibles et qui pourraient se répéter, voire de la crise financière internationale, il considère que les dispositions contenues dans le contrat sont «gravées dans le marbre», son directeur fournit alors le montant de la réalisation : «330 000 000 euros». Enfin, si de grands ouvrages sont appelés à disparaître, le stade Benabdelmalek, lien ombilical de la mémoire des Constantinois avec un passé serein, va être totalement réaménagé par la construction de quatre tribunes (est, ouest, nord et sud) et sera d'une capacité de 7 042 places. Sa conception architecturale est faite en harmonie avec la station de départ du tramway dont différentes haltes simulées ont été présentées à l'assistance. Il serait utile de revenir en conclusion sur le coup de gueule du wali de Constantine à l'endroit de ses collaborateurs directement versés au projet. Il n'épargnera pas le représentant de la Seaco et fera endosser ses responsabilités à celui de l'EMA qui ne semble pas être en phase avec une réalisation dont il est censé être le pilote essentiel. Là également nous avons posé la question au wali afin de savoir si «finalement ce n'est pas l'éviction du premier responsable du projet, aux compétences au demeurant incontestables, qui serait la cause de la cassure du rythme d'avancement», lequel nous répondra que c'est «à la direction générale de l'EMA d'en donner la réponse». Quoi qu'il en soit, au sein des entreprises étrangères pilotant le projet, quelques-uns des techniciens considèrent que «ce départ a influencé d'une manière négative sur la suite de l'avancement des travaux». Compte tenu des clauses contractuelles, le tramway devrait être livré en mai 2011. Ce qui, au regard du fonctionnement de la réalité du terrain, des comportements de nos compatriotes, des contraintes administratives, des lenteurs bureaucratiques et, donc, de la somme d'expérience en ce sens… la seule à être maîtrisée, il apparaît comme une gageure qu'il le soit. Tous les engagements pris fondront comme neige au soleil. Alors, quand le wali a demandé au représentant de faire des efforts pour livrer «le tramway en 2010», tout le monde a ri sous cape, notamment ses plus proches collaborateurs.