Les consultations autour du projet de révision de la Constitution qui ont été engagées le 1er juin dernier, par le directeur de cabinet de la présidence de la République, Ahmed Ouyahia, ont pris fin hier. Chargé par le chef de l'Etat de recueillir toutes les propositions des partis politiques, organisations de la société civile et personnalités, M. Ouyahia devra faire la synthèse de tout ce qu'il a collecté pour constituer une plateforme sur laquelle se basera l'Etat pour l'élaboration de la nouvelle mouture de la loi fondamentale du pays. Toutefois, pour élargir encore les consultations et impliquer le maximum d'acteurs politiques et/ou socioéconomiques, les pouvoirs publics ont décidé de laisser la porte ouverte à toutes les parties n'ayant pas pris part à ces consultations. Il est clair que c'est là un autre appel du pied à cette partie de l'opposition qui a décidé de boycotter les consultations, sous prétexte que les dés étaient pipés et les jeux faits. M. Ouyahia a déjà invité les boycotteurs à faire preuve de lucidité et à revoir leur position, sachant que rien ne les empêche d'aller à ces consultations, apporter leurs propositions, les révéler en conférence de presse à l'issue de la rencontre -comme l'a fait la majorité des invités- et, s'il s'avère qu'ils s'étaient laissés embarquer dans une mascarade politique, dénoncer la manœuvre dans une autre conférence de presse, comme l'avaient fait des partis, après les premières consultations avec la commission Bensalah. Dans une conférence de presse qu'il avait animé le 21 juin dernier, M. Ouyahia avait déclaré qu'un «consensus» autour de la révision de la Constitution était possible vu que «l'opposition réclame le changement et que le président Bouteflika, avait annoncé ce même objectif dans son discours après sa prestation de serment». Ouyahia ajoutera que l'opposition «appelle au renforcement de la pratique démocratique à l'instar de la séparation des pouvoirs, du rôle de contrôle et de la place du Parlement et de l'indépendance de la justice». Et ce sont là des objectifs que le chef de l'Etat s'est engagé à réaliser, avait-il déclaré. M. Ouyahia enfoncera le clou en affirmant que l'Etat «est favorable à toute rencontre initiée par l'opposition, pour peu que soient respectées les lois de la République et les constantes de la Nation». «Toutes les rencontres organisées par les opposants et partisans du boycott des consultations sont les bienvenues, pour peu qu'elles se tiennent dans le respect des lois de la République et des constantes de la Nation», dira-t-il. Le rejet des consultations apparaît dès lors comme une position qui ne joue ni en faveur de l'opposition ni celle du pays, sans pour autant gêner le pouvoir qui est à l'œuvre et ira jusqu'au bout de ses chantiers, avec ou sans l'opposition. Le FFS a bien compris la situation et s'est positionné en conséquence. Il a été partie prenante de la Conférence nationale organisée par l'opposition et a accepté l'invitation pour les consultations, considérant qu'il était de son devoir de pousser à la roue avec toute initiative pouvant contribuer à l'édification, l'enracinement et la consécration de la démocratie dans le pays et la société algérienne. Dans la lettre adressée aux invités à la concertation sur la révision constitutionnelle, il est indiqué que cette action décidée à l'initiative du président de la République, s'inscrit dans le cadre de «la poursuite du processus des réformes politiques». A ce titre, elle vise à adapter la loi Fondamentale du pays «aux exigences constitutionnelles suscitées par l'évolution rapide de notre société et les mutations profondes actuellement en cours, à travers le monde». Mais il est également précisé que la mouture de propositions soumise aux parties invitées n'est qu'une base de travail apte à être enrichie par des amendements ou carrément remaniée par des contre-propositions. Ainsi, les différents participants aux consultations apporteront leurs propositions qui toucheront principalement la nature du régime, la séparation des pouvoirs, avec un renforcement de l'indépendance de la justice, la limitation des mandats présidentiels, la consolidation de l'Etat de droit, la liberté de la presse, l'égalité homme-femme, la criminalisation de la corruption, les libertés individuelles, la constitutionnalisation de la langue amazighe comme langue officielle... Mais il y aura également des propositions qui n'en sont pas, certains invités confondant Constitution avec décret. Le patronat a, lui, demandé rien de moins que la constitutionnalisation de l'égalité entre privé et public ! Mais une proposition reste une proposition, et M. Ouyahia est obligé de tout prendre en compte pour ne pas être accusé après d'avoir écarté certaines propositions. Le drame est que de bonnes propositions à apporter ne soient pas formulées parce que celui qui pouvait le faire a décidé de boycotter. Le 15 mai dernier, la présidence de la République avait adressé des invitations à 150 partenaires constitués notamment des partis politiques, organisations et associations représentants diverses corporations. 30 personnalités sur 36 destinataires et 52 partis politiques sur 64 invités ont répondus favorablement à l'invitation. Par contre, toutes les organisations et les 12 professeurs d'universités sollicités ont accepté et se sont présentés aux consultations. H. G.