Nasser Hannachi Les soirées musicales relatives au mois de Ramadhan ont entonné à Constantine. Après une première semaine absorbée par la furia de la Coupe du Monde au Brésil et l'exploit de l'équipe nationale, les veillées ont mis un autre parfum et se sont garnies d'un nouveau décor, d'une nouvelle ambiance. Au Khroub, au théâtre de verdure, dans les maisons de jeunes du chef-lieu de wilaya, l'animation nocturne, dominée par le chant, vient donner le ton au calendrier artistique du mois sacré établi par la direction de la culture en collaboration avec l'Office national de la culture et de l'information (Onci), la direction du Palais de la culture Malek-Haddad ainsi que l'Office communal pour la promotion des activités culturelles et sportives. Sur papier une kyrielle d'artistes et associations doivent s'alterner dans les municipalités. Les organisateurs ont estimé avoir concocté un programme divers qui répond à tous les goûts des mélomanes. Et surtout servir «artistiquement» les populations des zones reculées à travers cette dimension de proximité demandée par la ministre de la Culture, Mme Nadia Labidi. Madih, inchad, chaâbi, malouf, aïssaou, gnawi, moderne,... résonnent chaque soirée dans un lieu différent à Constantine. Lundi soir la place de la Brèche a étrenné la seconde édition de la manifestation d'el inchad. Il y avait beaucoup de monde, dont quelques familles attablées devant la scène montée à cet effet. Mais beaucoup plus de curieux que de passionnés. La placette, qui sert aux divers amusements improvisés par les enfants, s'est transformée en aire de spectacle avec un audimat dispersé par le caractère folklorique de l'évènement. À Zouaghi, au théâtre de verdure, le chanteur Sami Yussuf a transmis, quant à lui, mardi soir, au public présent son phrasé pop empli d'inchad et de madih, un message de tolérance et de paix en ce mois de rahma et de communion. À vrai dire, les gestionnaires, considérant la directive ministérielle relative à la proximité des actions culturelles, se sont étalés dans leur choix pour doser la grille d'animation culturelle spéciale Ramadhan, malgré le peu d'espaces qu'offre la wilaya en raison des réhabilitations engagées dans les structures devant abriter une partie de la manifestation «Constantine, capitale de la culture arabe 2015». Certains artistes privilégiés se produiront au niveau du palais Ahmed Bey pour marquer la manifestation de «Andaloussiate de Constantine». La désignation de cet espace est justifiée par le caractère spécifique de la manifestation. Le chant andalou sera pour ainsi dire dans son élément, dans un cadre qui lui sied. Toutefois, des spécialistes de l'acoustique déconseillent fortement l'utilisation irrationnelle et abusive du palais. Trop de réverbérations pourraient altérer les toiles et autres motifs. Les vibrations et les ondes sonores produites par les amplificateurs sont également nuisibles pour la structure. Un cadre idéal pour une musique à ce prix, c'est plutôt cher payé. Constantine veut forcer le tempo et prouver que sa programmation culturelle et artistique fonctionne malgré les réaménagements et chantiers qui font dire que la ville va vivre une période de désert culturel. C'est ainsi que toutes les scènes, même les moins «performantes» en matière de capacité d'accueil et de sécurité, sont exploitées un peu partout dans les municipalités pour démentir cette disette. Avec une rotation de plus de 80 troupes, la wilaya sera gâtée en matière d'animation nocturne pour le mois sacré et la saison estivale. Il sera rare de voir des agglomérations privées d'animation artistique malgré une concentration du malouf au chef-lieu, au palais Ahmed Bey. Si la disparité dans la programmation ne touche pas au nombre de productions par commune, il reste difficile de satisfaire un tant soit peu l'équilibre entre talents amateurs et professionnels idéalement répartis à travers les plateaux. Pour cela une cause : ce ne sont pas toutes les scènes qui garantissent des capacités techniques requises. In fine, Constantine sera enchantée par des décibels, lesquels tentent une proximité pour une affluence optimale. Mais l'impact des soirées festives n'a pas encore dit son dernier mot en termes d'audience. N. H.