«L'Algérie est une terre du juste milieu et du respect du droit à la différence». Tel est le jugement que le penseur algérien Mustapha Cherif a formulé, hier, lors d'une conférence donnée après la prière des tarawih (surérogatoires), dans le cadre de la 9e édition des rencontres «Dourouss El Mouhamadia». Cette rencontre, organisée au sein de la zaouïa Belkaïdia El Hebria d'Oran, a connu la participation de plusieurs chercheurs algériens ainsi que des participants venus de plusieurs pays arabes. M. Cherif a tenu à insister sur le fait que «l'Algérie qui a adopté le malékisme comme principale source du fiqh (jurisprudence de la religion islamique), est une terre du juste milieu, de la sunna authentique et du respect du droit à la différence». Dans son intervention intitulée «Les quatre fondateurs et l'ijtihad», M. Cherif a expliqué que : «Nous sommes la voie du juste milieu car nos valeurs, notre culture et notre vision du monde s'appuient sur des fondements justes de notre religion et les valeurs du message du prophète.» Evoquant le dialogue inter-religions le conférencier estime que «contrairement aux archaïsmes qui minent les sociétés musulmanes d'aujourd'hui, les quatre fondateurs des écoles du fiqh ne se présentent jamais comme une autorité qui oblige ou qui exclut, mais comme méthode valable en tous lieux tous temps». Selon le conférencier il est nécessaire de mettre en place ces écoles de l'ijtihad du fiqh pour encadrer la charia et faire face aux nouveaux questionnements liés aux mutations que connaissent les générations de la nation musulmane. «La société musulmane a produit de la civilisation, de la citoyenneté et l'Etat de droit sur la base de l'ijtihad, qui est une éthique de l'effort pour vivre ensemble», a-t-il ajouté. Rappelons que le ministre des Affaires religieuses et des Wakfs, Mohammed Aïssa, avait déclaré en marge de l'ouverture de ces rencontres que l'intérêt accordé à toutes les écoles du fiqh est une preuve que l'Algérie ne considère pas le rite malékite comme sectaire ou identitaire mais comme une voie vers le droit chemin convergeant avec les quatre imams réputés et le courant ibadite, au service de la société et pour le rapprochement à Dieu. Il a estimé, dans ce sens, que ces écoles dénotent de la diversité de l'ijtihad, appelant à la nécessité d'intensifier les recherches pour connaître plus le patrimoine des imams de ces écoles de l'islam. Dans le cadre de la lutte contre l'extrémisme religieux, le ministre a réitéré qu'il n'avait pas d'objection à la réouverture des synagogues et que la seule exigence est d'être en conformité avec la loi de 2006 régissant la pratique du culte. «Les lieux de culte pour les Juifs rouvriront leurs portes», a-t-il déclaré, en précisant que «le fait de rouvrir des espaces de prière pour les Juifs est une preuve patente que l'Algérie n'est pas contre eux». Le ministre avait aussi affirmé que l'Algérie «accepte l'autre» et «qu'elle est riche de différentes langues et cultures». D'autre part, le chercheur jordanien en fiqh, Mohamed Sobhi Hassan El Aidi, a estimé nécessaire de se référer aux écoles (madhahib ou voies) des quatre imams de renommée pour lutter contre toute forme d'extrémisme. Et ce pour que les grandes écoles du fiqh, à savoir le hanafisme, le hanbalisme, le malékisme et chaféisme soient une référence pour la nation musulmane actuelle pour faire face aux formes d'extrémisme. L'extrémisme est un phénomène de société, qui existe et qui a existé dans différents pays et civilisations. Le chercheur estime que pour combattre l'extrémisme il est nécessaire que «les voies empruntées par les quatre imams soient adoptées dans la conjoncture actuelle», et d'ajouter : «L'imam Abou Hanifa Ennamane avait réussi, à son époque, à mettre le doigt sur la plaie en empruntant et recourant à la bonne voie dans la lutte contre l'extrémisme et le fanatisme.» Ce qui pourrait offrir des solutions dans la lutte contre l'extrémisme dans toutes ses formes. A. K./APS