Le Soudan du Sud a célébré la troisième année de son indépendance, dans un climat de guerre entre deux puissantes ethnies qui se disputent le pouvoir depuis des mois, alors que la situation humanitaire se dégrade de jour en jour, devant l'impuissance des organisations humanitaires onusiennes. Ces dernières ont lancé, une nouvelle fois, un appel à la communauté internationale pour agir contre une situation humanitaire catastrophique dans ce pays, en proie à une guerre civile opposant depuis la mi-décembre 2013 les partisans de l'actuel président, Salva Kiir, à son opposant et ancien Premier ministre, Riek Machar. En effet, le Programme alimentaire mondial (PAM) de l'ONU et l'Unicef ont appelé à «renforcer rapidement l'aide au Soudan du Sud pour éviter la famine» dans ce pays où «un tiers de la population (soit quatre millions de personnes) est menacé par la faim». Les chiffres fournis par le PAM et l'Unicef ont de quoi inquiéter la communauté internationale qui peine à convaincre les parties en conflit à discuter d'un accord de paix durable, avec à la clé un partage équitable du pouvoir. «Près d'un million d'enfants de moins de cinq ans souffrent de malnutrition sévère», ont indiqué le PAM et le Fonds des Nations unies pour l'enfance (Unicef), dans un communiqué commun rendu public dans la soirée du vendredi, suite à une visite de responsables des deux organismes au Soudan du Sud. Plus d'un million et demi de personnes ont été déplacées en raison de ces violences ethniques. Les responsables de deux organisations font appel à la mémoire collective pour sensibiliser les donateurs internationaux qui avaient promis de débloquer 618 millions de dollars afin d'éviter la crise humanitaire qui a touché en 2011 la Corne de l'Afrique et qui s'est étendue tout au long de la bande sahélo-saharienne, jusqu'en Atlantique, n'épargnant ni le Tchad, ni le Niger, ni le Mali où la sécheresse et les conflits armés ont été derrière le déplacement de millions de personnes. «Le PAM et l'Unicef redoutent que le monde permette une répétition de ce qui s'était passé en Somalie et dans la Corne de l'Afrique il y a tout juste trois ans : des mises en garde précoces contre une grave famine et une malnutrition croissante avaient alors été largement ignorés, jusqu'à ce que le niveau de la famine soit officiellement annoncé», a averti le communiqué de ces deux organisations onusiennes qui n'ont pas cessé de lancer des appels de détresse à l'adresse des donateurs internationaux, mais aussi à l'adresse des puissances mondiales pour contribuer à un arrêt immédiat de ces guerres qui ont fait des dizaines de milliers de morts. «Si rien n'est fait rapidement, 50 000 enfants pourraient mourir de malnutrition cette année», ont-elles précisé lors d'un point de presse. «Le monde ne devrait pas attendre qu'une famine soit (officiellement) annoncée quand des enfants meurent tous les jours», a souligné le Directeur général de l'Unicef, Anthony Lake. «Si nous voulons rapidement développer nos opérations et sauver davantage de vies, nous avons besoin de plus de ressources, et la communauté internationale doit agir maintenant», a ajouté la directrice exécutive du PAM, Ertharin Cousin. Le Conseil de sécurité de l'ONU a estimé vendredi que la situation alimentaire au Soudan du Sud était désormais «la pire au monde». À noter que les discussions d'Addis Abeba entre le gouvernement du président Salva Kiir et la rébellion dirigée par son ancien vice-président, Riek Machar, sont suspendues depuis le 23 juin, les deux parties se rejetant mutuellement la responsabilité du blocage. L. M./Agences. Somalie : nouvelle alerte de l'ONU, 350 000 déplacés à Mogadiscio menacés de famine Plus de 350 000 personnes ont un besoin d'aide alimentaire urgente dans la capitale somalienne Mogadiscio, livrée à l'instabilité, une situation alarmante qui concerne également d'autres villes du pays, a indiqué hier l'ONU. «La situation alimentaire a empiré avec les menaces de sécheresse dans certaines parties de la Somalie», affirme un rapport de l'agence onusienne pour la coordination de l'aide humanitaire. «Les ONG sont dans l'incapacité de faire face aux besoins de plus de 350 000 déplacés à Mogadiscio», s'inquiète le rapport, signalant des «taux alarmants de malnutrition» dans la capitale livrée aux attaques des insurgés islamistes shebab. Cette alerte intervient trois ans après la famine de 2011 qui a provoqué la mort de 250 000 personnes, pour moitié des enfants de moins de cinq ans. Le rapport met en cause «une pénurie de fonds et une situation sécuritaire volatile qui a restreint la capacité de distribution dans les camps de déplacés». Il y a moins d'une semaine, des ONG ont à nouveau sonné l'alerte, réclamant une aide urgente sur la période des trois à six mois prochains pour éviter une nouvelle catastrophe liée à la sécheresse, affirmant que moins de 30% des fonds nécessaires pour la Somalie sont actuellement pourvus. Le rapport de l'ONU fait également état d'une situation de «malnutrition, au-dessus du niveau d'urgence» dans sept villes du pays, dont Garowe, Galkayo et Kismayo.