Le Programme alimentaire mondial (PAM) de l'ONU et l'Unicef ont appelé à renforcer rapidement l'aide au Soudan du Sud où un tiers de la population est menacé par la famine. Près d'un million d'enfants de moins de cinq ans souffrent de malnutrition sévère, soulignent le PAM et le Fonds des Nations unies pour l'enfance (Unicef) dans un communiqué commun publié vendredi après une visite de responsables des deux organismes au Soudan du Sud, ravagé par la guerre. Le PAM et l'Unicef «redoutent que le monde permette une répétition de ce qui s'était passé en Somalie et dans la Corne de l'Afrique il y a tout juste trois ans : des mises en garde précoces contre une grave famine et une malnutrition croissante avaient alors été largement ignorées, jusqu'à ce que le niveau de la famine soit officiellement annoncé». Si rien n'est fait rapidement, 50 000 enfants pourraient mourir de malnutrition cette année, ont-ils averti. «Le monde ne devrait pas attendre qu'une famine soit (officiellement) annoncée quand des enfants meurent tous les jours», a souligné le directeur général de l'Unicef, Anthony Lake. «Si nous voulons rapidement développer nos opérations et sauver davantage de vies, nous avons besoin de plus de ressources, et la communauté internationale doit agir maintenant», a ajouté la directrice exécutive du PAM, Ertharin Cousin. Le Conseil de sécurité de l'ONU a estimé vendredi que la situation alimentaire au Soudan du Sud était désormais «la pire au monde». Il a exhorté les pays donateurs qui s'étaient engagés en mai à verser plus de 618 millions de dollars lors d'une conférence à Oslo à «tenir leurs engagements et à augmenter leur contribution». La guerre civile qui déchire depuis la mi-décembre le Soudan du Sud, fondé en 2011 après des décennies de conflit avec Khartoum, s'est accompagnée de massacres ethniques. Elle a fait des milliers de morts et chassé de chez eux plus de 1,5 million de Sud-Soudanais. Certaines régions du pays sont désormais menacées de famine à brève échéance, selon des ONG. Selon l'ONU, un tiers de la population du pays, soit près de quatre millions de personnes, est gravement menacé par la faim. Les discussions d'Addis-Abeba entre le gouvernement du président Salva Kiir et la rébellion dirigée par son ancien vice-président Riek Machar sont suspendues depuis le 23 juin, les deux parties se rejetant mutuellement la responsabilité du blocage.