La 11e édition de la Fête du bijou d'Ath Yenni, placée cette années sous le slogan «Honneur à l'artisan bijoutier», débutera aujourd'hui et se poursuivra tout au long de cette semaine jusqu'au 15 août prochain. Mokrane Aouiche, chargé de communication du comité communal des fêtes d'Ath Yenni, organisateur de cet évènement a déclaré à l'APS que cette nouvelle édition, se distingue des précédentes par une importante participation de bijoutiers, puisque pas moins de 87 artisans, spécialisés dans cette filière et représentant plusieurs wilayas, dont Tamanrasset, Ghardaïa, et Jijel, seront au rendez-vous. Il a rappelé que l'édition de l'année passée avait enregistré la participation d'une soixantaine de bijoutiers. Il a également annoncé que pour l'édition de cette année et en adéquation avec le slogan de la manifestation, la fête s'enrichit par le lancement du concours du meilleur bijou d'Ath Yenni. Une commission, composée d'artisans spécialistes du bijou d'Ath Yenni, va sillonner, durant la manifestation qui se poursuivra jusqu'au 15 de ce mois d'août, les stands pour évaluer la qualité des bijoux. Mokrane Aouiche, a expliqué à l'APS que les trois meilleurs artisans, dont le produit «s'inscrit le plus dans le respect de la tradition, en matière de processus de fabrication et des matériaux utilisés, sachant que le bijou d'Ath Yenni est à base d'argent, serti de corail naturel et d'émaux». Les lauréats sélectionnés seront récompensés par des prix afin de les encourager à continuer à perpétuer ce métier ancestral. Par ailleurs des conférences et des tables rondes suivies de débats sont au menu de cette fête, ainsi qu'un gala artistique. Il est ainsi prévu aujourd'hui une conférence consacrée à l'histoire de l'artisanat du Bijou dans la région d'Ath Yenni. Le chargé de la communication du comité communal des fêtes d'Ath Yenni, précise à ce propos : «Des bijoutiers et des historiens vont tenter de retracer l'histoire du bijou d'Ath Yenni, et d'expliquer comment ce savoir-faire est arrivé dans leur région, pour être préservé depuis plus d'un siècle.» Selon les historiens, l'art de l'orfèvrerie est très ancien en Kabylie, au début de la colonisation française il a été recensé des centaines d'ateliers et d'artisans bijoutiers et armuriers. Les ateliers d'armurerie ont disparu et avec eux tout un savoir-faire séculaire, alors que les artisans bijoutiers ont pu résister et transmettre leur habileté de génération en génération. Le village d'Ath Yenni est celui qui a su préserver cet art au-delà de toutes les difficultés qu'ont rencontré les artisans aux fils des siècles. «Le bijou des hautes montagnes du Djurdjura a su se faire une place de choix grâce notamment, aux superbes parures d'argent ornées de cabochons de corail et surtout par la technique des émaux filigranés, technique savante dont on suppose qu'elle aurait été introduite au 15e siècle par les émigrés andalous ayant rejoint le royaume de Béjaïa». Dès lors, l'originalité des bijoux d'Ath Yenni est sublimée par «les granules d'argent s'ajoutant au décor filigrané, le corail rehaussant de sa couleur chaude le reflet mat de l'argent. Et par l'éclat des émaux, bleu, vert et jaune». Ainsi les bijoux en argent massif rehaussés par la polychromie des émaux et l'éclat écarlate des coraux ainsi que la beauté des lignes et des figures géométriques, expriment tout un pan du patrimoine national et qu'il devient aujourd'hui important de promouvoir et de soutenir. S. B./APS