Il est de notoriété nationale qu'à l'est du pays la côte jijelienne est d'année en année de plus en plus prise d'assaut par des Algériens soucieux de passer des vacances dans une région du pays où certaines valeurs morales et civiques parmi les plus importantes de la société sont restées intactes. Néanmoins l'appât du gain chez les commerçants, qu'ils appartiennent au secteur réglementé ou le pratiquent en douce d'autant plus que la préservation de la stabilité sociale impose de fait aux représentants des pouvoirs publics sa tolérance. Quitte pour cela à faire des vacanciers les victimes de ces commerçants dont la majorité s'avère désormais comme le type même du prédateur ouvrant la voie ainsi à tous les abus, mais surtout à l'émergence de jeunes faucons du commerce informel ou de pratiques voisines connexes dont la particularité est de transformer parfois le moment de répit que s'offrent difficilement des familles en...cauchemar. Bien entendu, ces pratiques ne sont pas l'apanage des seules plages de la corniche jijelienne dans la mesure où elles existent en parfaits clones aussi bien sur celles de Skikda, Collo, Guerbès, Annaba, El Kala... et bien entendu, les Assemblées populaires communales concernées valident procédés et procédures au motif de résorption provisoire du chômage et/ou lutte contre la précarité de l'emploi des jeunes et de l'activité saisonnière des commerces réglementés et dans la foulée légitimant toutes les tracasseries dont sont victimes les vacanciers. Le langage sibyllin auquel nous avons eu droit à chaque fois que nous avons pris langue avec des P/APC est confondant. La langue de bois y est de rigueur et peu importe la sensibilité politique de nos interlocuteurs à Collo, Jijel, Skikda «...Cette organisation a été mise en place d'abord pour créer les conditions d'accueil idoines des plaisanciers, ensuite, elle permet à des jeunes de ne pas tomber dans une oisiveté souvent porteuse de mauvaises conséquences, mais également de les aider à préparer des lendemains parfois difficiles pour eux, notamment ceux qui vont à l'université et pour une partie de leur famille dont les frères et sœurs doivent faire face dignement à la rentrée scolaire.» Nul n'ignore en réalité que ce discours servi à la consommation cache de très mauvaise manière l'incapacité des élus et des membres de l'exécutif local à peser sur des comportements, des pratiques contraires aux lois de la République et surtout à préserver la protection des citoyens vis-à-vis d'une faune d'aigrefins dont, paradoxalement, elle veille sur les intérêts de manière délibérée rien que pour entretenir une quiétude sociale précaire. Une situation laquelle, pour le moins, décuple l'incurie des commerçants informels qui, par voie de conséquence, prennent possession des lieux en l'occurrence les plages dont ils s'attribuent d'autorité des portions même si les services de l'APC s'obstinent à entretenir l'illusion d'une répartition par concession visant à exploiter sur une saison des espaces où rien n'est fourni en compensation égale, voire par défaut approchée de la somme déboursée par les lampistes-clients que sont les estivants. Ainsi à hauteur de n'importe quelle plage de l'est du pays ne peuvent prétendre à faire partie du «premier rang» des vernis à faire face à la mer ne peuvent qu'être ceux qui s'inclinent devant le diktat des concessionnaires, d'ailleurs vrais ou faux, et acceptent de louer des parasols, des sièges, des transats à l'hygiène peu ragoutante car sinon pour les autres c'est l'obligation de se mettre derrière pour avoir comme horizon immédiat la bâche de la tente cubique ou encore le drap cernant un parasol. Quant à vouloir s'installer face à la mer c'est loin d'être évident à moins de vouloir aller à baston avec l'autoproclamé concessionnaire et pour issue le désaveu aussi bien des éléments de la gendarmerie auxquels le concessionnaire ira se plaindre que des autochtones qui prennent immédiatement fait et cause pour l'enfant des lieux. Chaque année c'est le même scénario, mais en pire, un scénario que les pouvoirs publics peuvent écrire de manière durable, mais surtout en y mettant les effets qui départageraient toutes les parties, en somme le concessionnaire et les clients, via des règles commerciales transparentes et non empreintes de suspicion et de violence en fin de parcours. Mais c'est là une toute autre histoire de laquelle ne s'embarrasseront jamais élus et membres de l'exécutif parce qu'ils ont autre chose à faire... c'est-à-dire rien en réalité. A. L.