La liste des assassinats ciblés s'allonge en Libye, avec la mort du chef de la police de Tripoli, le colonel Mohamed al-Souissi, dans une attaque menée par un groupe d'inconnus en cagoule, ont rapporté les médias locaux, citant des sources officielles. «Le colonel Al-Souissi a été assassiné par un groupe d'inconnus cagoulés qui ont ouvert le feu sur son véhicule. Deux hommes qui l'accompagnaient ont été enlevés dans l'attaque», survenue dans la banlieue est de Tripoli, a indiqué une source sécuritaire à l'agence d'information libyenne Lana. L'information a été confirmée par le porte-parole du ministère de l'Intérieur, Rami Kaal. Selon des sources proches de la victime, le colonel a été pris pour cible à son retour d'une réunion au Conseil municipal de Tajoura (banlieue est) et était en route vers le centre de la capitale au moment de l'attaque. M. Kaal a apporté en début d'après-midi d'autres éléments d'information sur les circonstances de l'assassinat du chef de la police de la capitale où des combats ont lieu depuis début juillet autour de l'aéroport de Tripoli, entre les milices Zenten et les groupes islamistes liés à Ansar al-Charia. Avant de succomber à ses blessures, le colonel avait été surpris par une salve de tirs nourris, de la part des assaillants qui ont bloqué la route à l'aide de deux voitures. Ses deux gardes du corps ont échappé à la mort mais ils ont été enlevés par ce groupe dont on ignore toujours l'appartenance. Depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011, les autorités de transition se montrent incapables de rétablir l'ordre et la sécurité dans un pays en proie à l'anarchie et à des violences meurtrières. De nombreuses personnalités ont été victimes d'attentats ciblés, dont le dernier en date remonte à juin. La victime était Salwa Bugaighis, militante des droits de l'Homme mais elle était aussi une figure importante du Conseil national de transition (CNT) qui a été installé au lendemain de la chute de l'ancien régime. Son mari est toujours porté disparu depuis l'assassinat de sa femme, à son retour à la maison après avoir voté le 25 juin à l'occasion des législatives qui ont permis à la Libye de disposer d'un nouveau Parlement, en charge d'achever le processus de transition, en panne depuis des mois à cause des violences armées, entre milices et groupes islamistes. A cette série d'assassinats des personnalités politiques, médiatiques et militaires libyennes, s'ajoute aussi celui des assassinats des diplomates étrangers. La première attaque avait eu lieu contre le consulat américain à Benghazi, causant la mort de quatre diplomates, dont l'ambassadeur des Etats-Unis en Libye. Les auteurs présumés de ces attaques ont été arrêtés lors d'opérations commandos des troupes d'élites américaines sur le sol libyen. Un an après, le consul honoraire de France en Libye, Jean Dufriche, a échappé de peu à un attentat en juillet 2013, à Benghazi. Le consul d'Italie à Benghazi a, lui aussi, été victime d'une tentative d'assassinat. Sa voiture blindée l'a sauvé des tirs d'un groupe d'inconnus. La multiplication de ces attaques constitue, officiellement, une des raisons qui ont poussé l'ancien général dissident Khalifa Haftar à mobiliser ses partisans pour lancer son offensive contre les terroristes du mouvement islamiste Ansar al-Charia le 16 mai dernier, entraînant Benghazi dans une spirale de violences armées qui a fait des dizaines de morts et plus d'un millier de blessés. L. M.