La situation en Irak et en Syrie inquiète au plus haut point, à cause de l'avancée des terroristes de l'Etat islamique (EI), qui ont provoqué l'exode de milliers de personnes dans le Kurdistan irakien et fait hier plus d'une quarantaine de morts à Alep (dans le nord frontalier avec la Turquie). En effet, des milliers de civils ont continué d'affluer vers le Kurdistan irakien (dans le Nord), fuyant les exactions des terroristes de l'Etat islamique, au moment où Baghdad s'enfonce dans la crise politique, en raison du refus de Nouri al-Maliki de quitter son poste de Premier ministre, avant une décision de la Cour fédérale. Ce dernier est écarté du pouvoir depuis dimanche et remplacé par Haïdar al-Abadi, un autre chiite, qui a obtenu un large soutien de la communauté internationale. Mais loin des rivalités politiques de la capitale irakienne, les Etats-Unis intensifient leurs frappes aériennes contre les positions de l'EI, précisément dans les régions des monts Sinjar, où près de 30 000 civils, majoritairement issus de la minorité kurdophone des Yazidis, sont toujours bloqués, dépourvus d'eau et de nourriture, a averti le Haut-commissariat de l'ONU aux Réfugiés (HCR). Les puissances occidentales tentent de mobiliser les moyens nécessaires pour éviter un drame humanitaire et ce qu'ils qualifient de «génocide» dans ce pays, où la majorité d'entre elles avaient participé à l'invasion de l'Irak par les Etats-Unis en 2003. Autrement dit, il est de leur responsabilité à apporter l'aide nécessaire pour arrêter la machine meurtrière de l'EI qui risque de disloquer l'Irak et à détruire plus de deux millénaires de civilisation. Outre les frappes aériennes, le Pentagone a déjà envoyé 130 conseillers militaires pour aider les soldats kurdes à repousser les attaques de l'EI et à sécuriser les zones où se sont réfugiés les civils issus des minorités chrétiennes et yazidies. Ils sont arrivés hier à Erbil (nord de l'Irak) où les Etats-Unis disposent de beaucoup d'intérêts. La France qui avait refusé de participer, en 2001, à l'invasion de l'Irak, compte aussi apporter sa contribution au gouvernement irakien, en fournissant des armes aux Kurdes, directement confrontés aux terroristes de l'Etat islamique. Réunis dans le cadre de l'Union européenne, certains pays sont opposés à l'envoi des armes en Irak, comme c'est le cas de la Suède qui rejette la proposition française. La possibilité d'établir des ponts aériens, pour aider les déplacés, est aussi à l'étude au niveau de l'UE. Parallèlement à ce qui se passe en Irak, les terroristes de l'EI semblent décidés à décapiter le régime syrien, ce que l'opposition armée syrienne n'a pas réussi depuis le début de la guerre civile en 2011. Hier, l'EI a pris le contrôle de plusieurs villages syriens d'Alep, dans le nord du pays, faisant plus d'une quarantaine de morts, a indiqué l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (Osdh). Les combats, qui durent depuis des mois, se sont intensifiés dans la nuit de mardi à hier après un «assaut majeur» de l'EI sur ces villages, d'après l'Osdh. L'Etat islamique contrôle déjà une grande partie des provinces du sud de la Syrie, dont Deir Ezzor, d'où ils ont chassé leurs anciens alliés Forsane al-Nosra, un groupe islamiste opposé à leurs actions armées et aux exécutions de masse. Très affaibli, Forsane al-Nosra, qui combat à la fois le régime de Damas et l'opposition syrienne, a abandonné les provinces du Sud-est pour renforcer sa présence dans les régions Sud-ouest et dans le Nord. L. M.