Le village d'Agoussim, d'Illoula Oumalou, dans la daïra de Bouzeguene, a accueilli du 6 au 12 août passé, la 11e édition de «Raconte-Arts», sous le signe «Kret a lekwan ma n-ruh» (debout compagnons de cœur, entamons la marche !). Sur la page web de la manifestation que l'on peut consulter, créé sur le plus prisé des réseaux sociaux, il est souligné que Hacène Metref et toute l'équipe de Raconte-Arts, ont convié durant toute une semaine la population d'Agoussim et celle des autres villages environnants, dans la commune rurale et de haute montagne d'Illoula Oumalou, à vivre au rythme d'un programme d'animation artistique multidisciplinaire, intégrant des activités de formation en atelier au bénéfice des jeunes et des enfants de la localité. Avec notamment au programme des déambulations nocturnes avec masque et carnaval et au menu, ces animations seront assurées par une pléiade d'artistes et d'animateurs. Il est également précisé que la situation géographique de ces villages est telle qu'elle vous donne envie de méditer, poétiser, rimer et chanter. C'est donc tout naturellement que le site a influencé notre choix de titre générique. Le chant a longtemps joué chez les Berbères, en général, et les Kabyles, en particulier, un rôle important. L'oralité repose beaucoup sur la poésie et la chanson. Chez les Berbères, les poètes et interprètes sont très respectés. De Cheikh El Medjdoub dans le sud, à Aïssa El Djermouni et Beggar Hadda à l'est, à Djillali Aïn Tedles à l'ouest, et enfin Si Mohand Oumhand dans le nord, plus précisément en Kabylie, Imedyazen (poètes) jouissent d'une réputation quasi sacrale. Et pour cause, ils sont les éveilleurs de leur propre peuple. Dans Imazighen assa, Salem Chaker a mis en évidence le rôle précurseur des chanteurs kabyles dans la prise de conscience identitaire. Mouloud Mammeri quant à lui a consacré sa vie à sauver ce qui peut l'être de notre patrimoine, pour qu'on ne perde pas notre âme. N'a-t-il pas sauvé l'Ahellil du Gourrara promis à une mort absurde par l'indigence culturelle d'un pays qui fait fi de son patrimoine ? Aujourd'hui, les verrous ont sauté et la prise de conscience est générale. Il nous faut donc redonner au chant qu'il soit profane ou sacré toute sa place. Le chant liturgique des Khwans de Kabylie est très prisé. La chanson qu'elle soit traditionnelle ou moderne aussi. A la bonne heure, que demande le peuple ! Ainsi, l'édition de cette année qui met le patrimoine oral et plus spécifiquement le chant à l'honneur, a donné lieu à d'étonnantes fusions ludiques et spirituelles où le chant liturgique des Khwanes à côtoyer des chansons profanes et festives des artistes de variété. Il y a eu aussi de la littérature, des déclamations poétiques et de contes, de la peinture avec l'inévitable artiste plasticien Denis Martinez. En effet, près de 150 artistes dont une cinquantaine d'étrangers, ont pris part à cette édition pour animer durant une semaine, un plateau d'activités artistiques et littéraires. Cet événement de proximité, de partage et d'approche solidaire dont la création et l'animation artistique sont les mots-clés de «Raconte-Arts». R. C.