Nasser Hannachi La capitale de l'Est a engagé une série de travaux consacrés exclusivement à la mise en valeur du vieux bâti datant de l'époque coloniale, en perspective de la manifestation de 2015. De plus, il y a lieu de noter l'existence d'œuvres et réflexions sur les sites patrimoniaux, que la vieille ville suscite après les échecs antérieurs et, précisément, les embûches dressées devant les concepteurs des toutes premières études relatives à la restauration de ce genre d'espace. La tâche s'avère des plus ardues si l'on sait que la médina, à titre d'exemple, aura cumulé tous les traumatismes (maisons en ruine, ruelles délabrées,...). Un site difficile à remettre à neuf, mais l'opération prendra «le temps qu'il faudra», selon les autorités compétentes. Inexploré, délabré et surtout massacré par l'inconscience des responsables et l'absence d'une réelle politique de restructuration urbanistique avec des outils universels, le vieux bâti de Constantine est victime de l'abandon en l'absence d'une société civile «pesante» et a déjà rendu une partie de son âme. Et, si la sonnette d'alarme et la réflexion ne surgissent pas des gens du métier, les traits ancestraux et les architectures centenaires seraient tout simplement gommés de Cirta. La vieille ville, ce cœur battant de Constantine d'où toutes les convoitises et tentatives de réhabilitations s'enchaînaient, n'a pas livré tous ses secrets de restauration. Les essais succédant aux études établies jusque-là s'apparentent à des échecs à ciel ouvert. Depuis le fameux master plan concocté il y a plus d'une décennie, les esquisses n'ont pu quitter les maquettes pour être effectives sur terrain. Les ateliers tant promis par les gestionnaires se font visibles par fragments et pendant ce temps le reste de la médina est menacé ruine. On dénombre plusieurs workshops. Depuis que les pouvoirs publics ont investi ce terrain relatif au patrimoine, les gestionnaires locaux tentent vaille que vaille de répondre à cette incontournable équation de «préservation», d'autant que l'Etat a consacré des enveloppes financières à donner le tournis. La manifestation «Constantine capitale de la culture arabe- 2015» devra être l'opportunité idoine pour redorer et retaper vieille ville, bâtisses anciennes et monuments historiques. Ce sera l'occasion en or à ne pas rater, se félicitent les autorités locales. Surtout si l'on mettait en relief la touche «centrale» qui sera assurée par l'Office national de gestion et d'exploitation des biens culturels protégés (Ogbec). Question de franchir tous les écueils ayant retardé ou «brouillé» les étapes de réhabilitation toujours dans l'expectative. L'office en question aura scindé les opérations en huit zones affectées à la médina. En somme, une centaine de sites sont répertoriés pour entrevoir leur lifting. Foundoks, mosquées, tombeau,...sites archéologique (Tiddis), tout ces repères de Cirta sont sujets à des opérations de «reconstruction» qui prendront le temps qu'il faudra... Sachant que le processus de réhabilitation dépend exclusivement de la modernisation de la ville promise à la capitale de l'est, comme consigné dans les rapports antérieurs des spécialistes et concepteurs des premières études. Des chantiers complexes auxquels les citoyens doivent s'acclimater. Des experts étrangers connus à travers le monde, présents à Constantine il y a plus de quatre ans, avaient insisté sur une réhabilitation qui «ne doit en aucun cas gêné le quotidien de la population». C'est tout l'art de ce genre d'œuvre. Ce n'est malheureusement pas le cas : la cité suffoque et les ateliers peinent à battre la mesure sans que le citoyen ne s'en aperçoive. Souvent relégué au second plan des préoccupations des deux assemblées, le vieux bâti serait en train de vivre ses premières actions de sauvetage à la faveur du programme spécial pour lequel le Trésor public a prévu plus de 1,5 milliards de dinars dans le cadre du quinquennal 2010-2014. Une vaste opération d'aménagement immobilier, notamment au centre-ville, vitrine devant s'illuminer face aux visiteurs de l'évènement de 2015, est ainsi amorcée. Le vieux bâti en état délabré, datant de la période coloniale, est dans le viseur afin de recouvrer son aspect. En collaboration, Dlep et l'Office de promotion et de gestion immobilière (Opgi) se chargent de cette opération qui veut par-dessus tout la mise en valeur du vieux bâti de Constantine. Les boulevards principaux sont concernés, Belouizdad, Abane Ramdane. Le délai des travaux ne devra pas excéder les 6 mois, date limite, puisque le 16 avril 2015 pointe déjà et le budget est alloué par les caisses relatives à la manifestation. «Plus de 340 bâtisses sont au programme», a-t-on appris auprès de l'office qui ajoutera que d'autres immeubles situés au cœur de la ville, dont ceux de Larbi Ben M'hidi, bénéficieront au fur et à mesure de travaux de mise en valeur. Constantine a longtemps hiberné, il est quasi impossible de pouvoir rattraper tout ce retard en un temps record de 6 mois. Les gestionnaires tempèrent en avouant que les entreprises sélectionnées pour les aménagements sont armées d'expérience et de savoir-faire, ce qui ne devra pas affecté du moins les traits initiaux du vieux bâti au contour délicat. Néanmoins les appréhensions des résidents sont d'ordre coutumier. «Pourquoi a-t-on laissé passer tout ce temps pour installer les échafaudages à chaque coin de rue alors qu'on se dirige tout droit vers la rentrée sociale?», s'interroge un citoyen craignant la galère et surtout la précipitation dans des travaux qui mèneraient vers «des rafistolages» étant donné le facteur temps accolé à la livraison des chantiers. En définitive, Constantine tentera à travers ses toilettages à la hâte de reconstruire un puzzle délicat qu'est celui de réhabilitation de la médina. Même si le vieux bâti verra une peinture fraîche qui tentera de dissimuler les rides occasionnées par le laisser-aller des diverses administrations et les ...latences des bureaux d'études en roue libre... Le 2015, c'est le numéro gagnant de toutes les «entreprises». N. H.