Après les accusations de l'Agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (Unrwa), du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), d'Amnesty International, de la Bolivie, de la Fédération internationale des droits de l'Homme, de huit organisations israéliennes de défense des droits de l'Homme et d'un groupe d'avocats qui ont demandé l'ouverture d'une enquête sur l'utilisation par Israël d'armes prohibées durant son offensive sur la bande de Ghaza -certains ont même affiché leur intention de saisir la Cour pénale internationale (CPI), compétente pour les crimes de guerre et contre l'humanité- l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), à la demande des Etats arabes, décide d'ouvrir une enquête. La requête qui fait état de l'utilisation par Israël de munitions à l'uranium appauvri a été présentée lundi dernier au nom des pays arabes par l'Arabie saoudite. Utilisé notamment durant la guerre du Golfe en 1991 et lors des frappes aériennes de l'OTAN dans les Balkans en 1994-95, l'uranium appauvri, qui présente une densité deux fois supérieure à celle du plomb et est inflammable, entre notamment dans la composition de munitions destinées à percer des blindages. L'exposition à ce produit est soupçonnée représenter des risques pour la santé. Selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS), l'uranium appauvri est «potentiellement chimiotoxique et radiotoxique» et s'attaque «principalement aux reins et aux poumons». «L'exposition à l'uranium appauvri peut être plus forte pour les enfants jouant sur les sites d'impact ou à leur proximité. Portant souvent la main à la bouche, ils peuvent ingérer de grandes quantités d'uranium appauvri provenant du sol», affirme l'OMS. De son côté, Ban Ki-moon, secrétaire général de l'ONU, a affirmé, lors de son déplacement à Ghaza mardi dernier, que les personnes responsables des bombardements ayant touché des bâtiments de l'ONU devront rendre des comptes devant des instances judiciaires. L'Etat hébreu, qui affirme rassembler des preuves pour démontrer que ses objectifs ciblés étaient uniquement militaires, a décidé hier d'interdire la publication de l'identité des chefs d'unités engagés dans l'offensive à Ghaza contre le Hamas de crainte qu'ils ne soient poursuivis pour crime de guerre. Cette interdiction porte aussi bien sur les noms des officiers que sur leurs photos. Il est peu probable, malgré toutes ces déclarations et ces accusations, que les poursuites engagées contre Israël aboutissent. Selon des experts juridiques, l'Etat hébreu n'est pas signataire du Statut de Rome qui a mis en place la CPI, et cette dernière ne peut, en revanche, être saisie que par le Conseil de sécurité de l'ONU, où les Etats-Unis, principaux alliés d'Israël, disposent d'un droit de veto. Donc, après vingt-deux jours de destruction massive, plus de 1 300 morts et 5 300 blessés, un territoire complètement dévasté, Israël risque de rester impuni. Son armée a achevé hier son retrait de Ghaza mais reste déployée à la lisière «pour faire face à toute éventualité», comme l'ont souligné les représentants du gouvernement israéliens. A Ghaza, les armes se sont tues, les victimes enterrées, les survivants, face aux ruines, pleurent leurs vies. A Ghaza, le temps de la reconstruction n'a pas encore sonné, Israël pose toujours ses conditions : le Hamas ne doit pas gérer le processus de réhabilitation de la bande de Ghaza, selon Olmert, et Gilad Shalit, le soldat détenu par le Hamas depuis juin 2006, doit être libéré, selon Tzipi Livni qui en fait un préalable à la réouverture des points de passage entre Israël et la bande de Ghaza. Du côté de la diplomatie, après la consommation de la division des régimes arabes entre les sommets de Doha, du Koweït et de Charm El Cheikh, l'Egypte, convaincue que le chemin d'une trêve passe par Le Caire, tente de reprendre sa médiation entre les factions palestiniennes et Israël en invitant aujourd'hui, séparément, des négociateurs d'Israël, du Hamas et du Fatah. Mais c'est sans compter sur le quartette pour le Proche-Orient dont le représentant, Tony Blair, a déclaré hier que «le quartette parlerait au Hamas si le mouvement islamiste acceptait une solution à deux Etats, israélien et palestinien». H. Y.