Le dialogue inclusif inter-malien a entamé depuis le premier septembre une phase cruciale qui pourrait durer un mois, a-t-on appris des représentants des délégations maliennes et des groupes armés à l'hôtel Al Aurassi. La question du statut juridique de l'Azawad risque, en fait, de compliquer les débats des commissions chargées d'étudier tous les points inscrits dans la feuille de route qui a été élaborée le 24 juillet dernier à Alger avec les groupes armés et le gouvernement malien. Entre l'autonomie et la décentralisation, les touareg et les arabes de la région de l'Azawad refusent de noyer l'essentiel de leurs débats dans les concepts, préférant plutôt user d'un langage clair pour faire aboutir leurs revendications. S'ils se montrent déterminés à prendre leur destin en main, ils rappellent à l'occasion leur volonté à vivre dans un Mali dont l'intégrité territoriale sera préservée, comme cela avait été accepté par les signataires de la Déclaration d'Alger, ainsi que la Plateforme d'Alger, lors de la première phase du dialogue qui s'est déroulée entre le 17 et le 24 juillet dernier. «Le statut de l'Azawad doit être clarifié et défini pour que nous puissions avancer dans le dialogue pour la paix», a déclaré le colonel Hassane Ag Mehdy, représentant spécial du Haut conseil pour l'unité de l'Azawad (Hcua) auprès des pays membres de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao). M. Ag Mahdy fait même de la question du statut de l'Azawad dans la carte politique et administrative du Mali l'unique solution pour régler tous les autres chapitres des négociations d'Alger. «En réglant le problème du statut de notre région, le reste sera facile, car la volonté de rétablir la paix est là», a-t-il expliqué. C'est ce que défendent aussi le Mouvement arabe de l'Azawad (MAA) et le Mouvement national pour la libération de l'Azawad (Mnla). Aussi paradoxal que cela puisse paraître, à la surprise générale, la Coalition des peuples de l'Azawad (CPA), de Mohamed Ag Asselah, a rejoint les trois autres mouvements dans leur résolution, à l'issue de la réunion qui s'est déroulée la semaine dernière à Ouagadougou, au Burkina Faso. Le leader de la CPA, lui-même dissident du Mnla, a réclamé, à l'ouverture officielle de la deuxième phase des discussions d'Alger, d'accorder à l'Azawad un statut particulier dans le cadre de ce qu'il a appelé le «Grand Mali». Dès la prise en main du dossier malien par l'Algérie, les groupes armés du Nord ont accepté les préalables du gouvernement de Bamako. Ils ont accepté de renoncer à leur projet d'autonomie et d'oublier complètement l'idée d'indépendance. Mais une partie de l'opinion publique malienne, des partis politiques et des organisations de la société civile considèrent que l'entente signée à Ouagadougou par le Mnla, le Hcua, le MAA et la CPA est un prélude vers une indépendance inéluctable de l'Azawad. Pour tous ces acteurs, très remontés contre le président malien, Ibrahim Aboubacar Keita, les populations du Nord ne renonceront pas à leur indépendance. Une idée qui n'est pas partagée par les chefs des groupes armés du Nord, qui affirment réclamer plus de justice sociale, une intégration économique de l'Azawad et une meilleure représentation politique et militaire dans les institutions maliennes et les services de sécurité du pays. Ce sont tous ces sujets qui devront faire l'objet de discussions au sein des quatre commissions installées lors de la mise en œuvre de la feuille de route en juillet dernier. Pour rappel, la feuille de route aborde les questions relatives, entre autres, à l'organisation administrative et institutionnelle du pays, aux mesures pour améliorer le développement, à la gouvernance, aux modalités d'organisation des forces armées et de sécurité, au retour des réfugiés, ou encore au respect des droits de l'Homme. L. M.