La Suède, l'Autriche et la Chine ont animé, jeudi dernier à Alger, dans le cadre de 6e Festival culturel international de musique symphonique, un concert exceptionnel dans une ambiance relevée marquée par des prestations de haute facture, devant un public homogène et recueilli. Durant près de deux heures et demie de temps, le public averti du Théâtre national Mahieddine-Bachtarzi (TNA) a savouré chaque instant de la soirée dans l'allégresse et la volupté, se laissant emporter dans une randonnée aux sentiers sinueux, tracés par les mélodies des grands standards de la musique universelle. Le trio Mats de Suède, annonçant le beau spectacle, a choisi des pièces qui inspirent l'évènement et l'action, préludant avec le 1er mouvement du trio pour piano en Sol majeur de Franz Joseph Haydn, suivi du Tango du trio pour piano d'Harry Nilsson et de Trio pour piano No 2 de Dmitri Chostakovitch, des pièces qui ont permis aux trois instrumentistes de montrer l'étendue de leurs talents respectifs. Le Concilium Musicum Wien, une formation autrichienne composée de neuf éléments, dont une femme à la harpe et à la percussion, a suscité l'admiration de l'assistance dans un genre rappelant la Cour royale et ses usages, avec, entre autres, des pièces de Franz Joseph Haydn, Franz Schubert, Johann Strauss et Joseph Lanner. La Chine, représentée par The Heilongjiang Symphony Orchestra, dirigé par Cheng Hao, fut sans nul doute l'attraction de la soirée avec une direction d'orchestre remarquable et une maîtrise de l'instrument quasi parfaite de la part de la trentaine de musiciens, qui ont exécuté une douzaine de pièces issues du répertoire universel, mais aussi du patrimoine musical chinois. Rapidité, dextérité, endurance, lorsqu'il s'est agi de pièces lentes et sans rythme, maîtrise des nuances dans un jeu parfois en sourdine et parfois fort, ont caractérisé la prestation chinoise renforcée par l'intervention très applaudie de la soprane Zhang Qi et du ténor Wang Wen, qui ont ravi le public, notamment en interprétant La Traviata de Giuseppe Verdi. À la veille de la clôture du festival, les trois formations ont réussi à générer de belles émotions à travers un choix de pièces judicieux ayant permis aux spectateurs d'apprécier différents genres de musique, conçus aussi bien dans des modes orientaux qu'occidentaux. La veille, mercredi soir, c'était la guitare classique qui était à l'honneur à Alger lors du 6e Festival culturel international de musique symphonique, où les musiciens mexicains et espagnols ont rivalisé de virtuosité dans leurs récitals, rapporte l'APS. En solo ou accompagnés d'un orchestre, les guitaristes Raul Zambrano du Mexique et Juan Carlo Lopez Serula d'Espagne ont proposé au public du Théâtre national Mahieddine-Bachtarzi (TNA) des morceaux de référence de la culture musicale de leurs pays respectifs composés au début 20e siècle. Premier à entrer en scène, le guitariste mexicain a choisi de faire découvrir au public les compositions particulières de Manuel Ponce, considéré comme le père de la musique mexicaine contemporaine avec ses pièces qui allient sonorités folkloriques et complexité des structures. Ce voyage musical d'une quarantaine de minutes au pays des aztèques, a réussi à plonger une salle quasi comble, entre grand public et invités du festival, dans une ambiance méditative, à la fois par la douceur des mélodies, inspirées de la musique populaire mexicaine, et la dextérité du guitariste, seul sur la scène du TNA. Dans un registre plus mélancolique, Juan Carlo Lopez Serula a, pour sa part, suscité de nombreux bravos de la part des présents à la fin de son récital, présenté avec l'ensemble espagnol Casa Mediterraneo, un orchestre de chambre dirigé par le maestro Inacio Garcia Vivaldi. Composé de neufs musiciens (Violon, alto, violoncelle, contrebasse et instruments à vent), en plus du guitariste, cet orchestre formé en 2014 a joué le célèbre Concerto d'Aranjuez composé en 1939 par leur compatriote Joaquin Rodrigo. Ce concerto en trois mouvements qui charrie nostalgie et tristesse tire sa puissance dans le dialogue entre le jeu du guitariste et les instruments à vent (haut bois, cors, ...), une forte charge émotionnelle particulièrement présente dans le second mouvement Adagio, célèbre notamment grâce aux nombreux musiciens de jazz, dont Miles Davis et Gill Evans, qui l'ont repris. Ce mouvement a également été immortalisé par le plus grand des guitaristes espagnols, décédé cette année, Paco de Lucia, dont le nom était sur de nombreuses lèvres après la prestation de Juan Carlo Lopez Serula. D'autres compositeurs, dont Schubert, Mozart, Haydn, étaient également à l'honneur lors du passage de l'orchestre philharmonique tchèque Talich Philharmonique Prague, en seconde partie de soirée, et qui a également été généreusement applaudi par les mélomanes présents. S. B./APS