«Face aux demandes de fédéralisme, nous avons proposé la régionalisation, nous proposons une décentralisation très poussée», a déclaré hier le président malien, Ibrahim Aboubacar Keïta, lors d'un entretien qu'il a accordé à Bamako à la chaîne de télévision française TV5. Selon lui, «nos négociateurs à Alger, je peux vous le dire, ne sont pas manchots». «Des propositions très concrètes ont été mises sur la table», dans le cadre de la deuxième phase du dialogue inclusif inter-malien, en cours à Alger depuis le premier septembre. Bien que la coalition des groupes politico-armés du Nord-Mali soit pour un statut spécial de l'Azawad, tout en respectant l'intégrité territoriale du Mali, comme cela a été clairement signé dans la feuille de route pour ces pourparlers, les parties en négociations ne sont toujours pas arrivées à un accord définitif. «Il y a beaucoup de pays, de grands pays même, dans lesquels il y a eu des velléités identitaires, qui poussaient jusqu'à vouloir l'indépendance, l'autonomie», a-t-il ajouté, précisant que ces mouvements «n'ont pas eu gain de cause parce qu'aujourd'hui aucun Etat responsable n'incline vers cela». Le Président malien, élu depuis un an, grâce à l'accord de Ouagadougou qui a permis un cessez-le-feu le 24 mai 2013, estime que les divisions au sein de ces groupes armés ne leur permettent pas de parler d'une seule voix, alors que ces mêmes mouvements ont annoncé le 14 septembre dernier la signature d'un protocole d'accord, engageant le Mnla, la CPA, le MAA, le Hcua et le CMF PR2, qui scelle leur union. L'accord en question prévoit, entre autres, la défense d'un statut de fédération en faveur de l'Azawad. «Les parties (signataires de l'accord du 14 septembre) sont convenues sur le statut politique et institutionnel de l'Azawad à travers un système fédéral à faire reconnaître par l'Etat malien et la communauté internationale», peut-on lire sur le site officiel du Mouvement national pour la libération de l'Azawad (Mnla), qui a pris les armes au lendemain de la destitution de l'ancien président Amadou Toumani Touré, fin 2012. «Aujourd'hui le constat à Alger est un peu triste : en face du gouvernement malien, c'est un peu disparate», a-t-il estimé, ajoutant : «À nous de gérer cela. Je suis fermement convaincu qu'il faut que nous parlions avec tous nos frères, sauf les terroristes.» Selon lui, «toute la communauté internationale est avec nous à Alger et elle sera garante de la suite de ces accords-là». Pour rappel, la première phase des discussions s'était achevée le 24 juillet à Alger par la signature d'une «feuille de route des négociations». Le nord du Mali a été occupé pendant plusieurs mois en 2012 par des groupes terroristes, qui en ont été en grande partie chassés par une intervention internationale initiée en janvier 2013 par la France. Outre les représentants du gouvernement malien, les six mouvements signataires des deux documents étaient le Mouvement arabe de l'Azawad (MAA), la Coordination pour le peuple de l'Azawad (CPA), la Coordination des Mouvements et Fronts patriotiques de résistance (CMF-PR2), le Mouvement national de libération de l'Azawad (Mnla), le Haut conseil pour l'unité de l'Azawad (Hcua) et le Mouvement arabe de l'Azawad (dissident). L. M./Agences