Si nos établissements hospitaliers ne peuvent pas fournir un traitement à leurs malades ce n'est parce qu'il y a pénurie de quelques médicaments, mais «uniquement des perturbations sur quelques produits». Cette explication euphémique nous est livrée sur les ondes de la Radio nationale par le directeur de la Pharmacie centrale des hôpitaux (PCH), M'hamed Ayad. La bonne nouvelle ! Quel soulagement pour le malade maintenant qu'il sait que l'indisponibilité du médicament dont il a besoin n'est pas due à une pénurie, mais à des perturbations ! Pis, le responsable se dédouane en faisant endosser ces pénuries-perturbations à des facteurs exogènes, évidemment, citant «des fluctuations sur le marché international en matière de distribution et de disponibilité de la matière première» ainsi qu'une augmentation de la demande mondiale en médicaments qui aurait connu une hausse de 5%. Plus explicite, le directeur de la PCH indique que les laboratoires internationaux «ont du mal» à satisfaire cette demande. Le responsable nous dit tout simplement que les géants de l'industrie pharmaceutique n'ont que des stocks de roulement, en gestion sur seuil, qui ne peuvent absorber une hausse de 5% de la demande. Pour soutenir son propos, il indique que les appels d'offres internationaux que la PCH a lancés pour l'achat de médicaments ne sont «parfois» pas suivis de réponses de la part de ces mêmes laboratoires. D'ailleurs «même des pays aussi développés que le Canada» connaissent des perturbations en la matière, argue M. Ayad. L'explication serait convaincante et crédible si tous les appels d'offres rattachés à ces 5% ont été infructueux. Que le Canada connaisse aussi des perturbations ne justifie en rien la pénurie en Algérie. Un bon gestionnaire devrait s'inspirer des bons exemples et non des mauvais. On apprend que la PCH établit des «prévisions» sur une durée de six mois en tenant compte de la «moyenne et de l'historique» de la consommation en médicaments de sorte à éviter les ruptures de stocks. Et s'il y a eu pénurie sur un produit prescrit en chimiothérapie, qui a pénalisé les patients atteints de cancer, le responsable la justifiera en l'endossant à un disfonctionnement dans la distribution. Encore une explication qui ne soulagera aucunement le malade dont le seul souci et besoin vital est de trouver le médicament, peu importe d'où et comment il vient. Si l'Etat a épongé les dettes des établissements hospitaliers que détenaient la PCH et qu'il a autorisé cette dernière à procéder à l'importation de médicaments, c'est justement pour qu'elle puisse satisfaire la demande des hôpitaux. Il lui appartient donc de gérer tous les problèmes de disponibilité, perturbation, fourniture et distribution de médicaments, et de trouver des solutions et/ou des palliatifs. C'est sa mission, et s'il y a quelque chose qui ne tourne pas rond, c'est qu'il y a un échec quelque part, il faut donc en identifier le responsable, et le sanctionner. H. G.