Les accidents de la circulation ont fait 4 151 morts durant les 11 premiers mois de l'année 2008. C'est donc 367 victimes de plus par rapport à la même période de l'année précédente. Le bilan provisoire de 2008, révélé par le ministre des Transports, M. Amar Tou, en réponse à une question orale à l'APN sur la révision du code de la route, est tragique. Une tragédie à double facette. L'une a trait au carnage qui s'intensifie d'année en année. Avec ces nouveaux chiffres, la moyenne quotidienne de décès par accidents de la circulation gagne plus d'un point, passant de 11 morts par jour à 12,4. L'autre concerne l'échec vraisemblable de toutes les opérations menées par les pouvoirs publics pour la lutte contre ce fléau. Aucune mesure ne semble porter ses fruits. Les constats sont toujours les mêmes, les causes identiques, les décisions lentes à appliquer et les bilans en croissance continue. C'est toujours le facteur humain qui est mis à l'index par les autorités en charge du dossier. 90% des accidents de la route lui incomberaient. L'excès de vitesse serait derrière 76% des cas. Mais au-delà du constat, récurrent et identique, que faire ? Malgré la réforme du code de la route en 2004 et le durcissement des peines encourues par les contrevenants, l'instauration du contrôle technique obligatoire pour tout type de véhicules, les campagnes de sensibilisation… le carnage continue. D'autres mesures sont venues en complément des précédentes qui ont montré leurs limites. Il s'agit de la réforme du processus d'obtention du permis de conduire et du nouveau cahier des charges auquel sont soumises les auto-écoles. Mais la plus attendue reste, sans conteste, la probable nouvelle révision du code de la route. Celle-ci devra comprendre des dispositions dont l'énoncé est enthousiasmant : assujettir les conducteurs au respect de la vitesse maximale de 80 km/h sur les autoroutes, alourdissement des peines et retrait définitif du permis de conduire. Mais le point gordien du mal n'est pas dans l'élaboration des textes de loi, il est dans leur application (cela d'ailleurs est une plaie nationale). Un permis de conduire retiré et remis au fautif (parfois de manière douteuse) sans suivi et sans traçabilité, une contravention établie et non honorée ou un contrôle technique du véhicule complaisant ne peuvent en aucun cas freiner les ardeurs d'un fou du volant. Lors de la même intervention, le ministre des Transports a indiqué qu'un avant-projet de loi portant révision du code de la route a été examiné en conseil interministériel et qu'un fichier national relatif au permis de conduire, à la carte grise et aux infractions est en cours d'élaboration par le gouvernement, tout en rappelant l'application prochaine du permis à points. Ce sont là des mesures salutaires n'était le facteur temps qui risque de prendre encore plusieurs vies humaines dans son écoulement, un jour équivalent à 12 morts. S. A.