«L'activité économique s'est raffermie en 2014 et la croissance du PIB réel devrait s'élever à 4%, contre 2,8% en 2013. Pour la première fois en huit ans, le secteur des hydrocarbures devrait connaître une expansion, et dans les autres secteurs la croissance demeure porteuse, notamment dans le BTP et les services. L'inflation a marqué un net repli, pour se situer en dessous de 2%, en partie grâce au resserrement de la politique monétaire, mais elle requiert un suivi rapproché compte tenu du risque de nouvelles tensions inflationnistes.» C'est ce qu'a déclaré, hier, dans une conférence de presse à l'Hôtel El Aurassi, M. Zein Zeidane, directeur du FMI (Fonds monétaire international) pour l'Afrique du Nord et Moyen-Orient au terme de la mission de consultations menée en Algérie depuis 15 jours. Ce responsable a indiqué que «l'Algérie se trouve dans une situation enviable car elle a constitué au fil des ans une marge de manœuvre considérable sur les plans extérieur et budgétaire, grâce à sa richesse en hydrocarbures». Cependant, affirme-t-il, les risques qui pèsent sur la stabilité macroéconomique s'accentuent. «Pour la première fois en près de 15 ans, le solde des transactions courantes devrait devenir déficitaire. Le recul de la production d'hydrocarbures, la forte consommation intérieure et la baisse des cours du pétrole pèsent sur les exportations, tandis que les importations continuent d'augmenter. Pour inverser cette tendance, il faudra investir davantage dans le secteur des hydrocarbures, accroitre les prix intérieurs des produits énergétiques, disposer d'un taux de change plus compétitif et accroitre et diversifier sensiblement les exportations hors hydrocarbures», dira le conférencier. Et de poursuivre : «Le déficit budgétaire devrait se creuser à plus de 6% en raison de la diminution des recettes des hydrocarbures, d'une nette augmentation des dépenses en capital et du maintien d'un niveau élevé de dépenses courantes. Le solde du Fonds de régulation des recettes demeure considérable, mais devrait accuser un repli pour la deuxième année consécutive. Il est nécessaire de mener un travail ambitieux et soutenu de rééquilibrage des finances publiques pour placer la politique budgétaire sur une trajectoire viable et veiller à épargner la richesse des hydrocarbures pour les générations futures.» De manière générale, souligne M. Zeidane, le secteur financier «se porte bien mais il est insuffisamment développé. «Des réformes s'imposent pour améliorer l'accès au financement notamment pour les petites et moyennes entreprises et les ménages». Toujours selon lui, «l'Algérie bénéficie d'une stabilité macroéconomique, mais elle a besoin d'une croissance plus rapide et plus inclusive afin de créer suffisamment d'emplois pour une population jeune». Pour relever ce défi, poursuit-il, «il faudra mener de vastes réformes structurelles propices à l'épanouissement du secteur privé». Le responsable du FMI estime que des réformes s'imposent aussi pour améliorer le climat des affaires, lever les contraintes à l'investissement étranger, promouvoir l'intégration au commerce international et réduire les rigidités du marché du travail. Le conférencier a réitéré encore son appel au gouvernement algérien pour faire très attention à la croissance des dépenses. Interrogé sur l'abrogation de l'article 87 bis du code du travail et les augmentations conséquentes attendues sur les salaires, M. Zeidane dira que «la masse salariale globale de la Fonction publique est élevée et il faut absolument la maîtriser». A la question de savoir pourquoi le FMI demande de supprimer la règle 49/51, le conférencier a précisé que cela permettra de lever les contraintes, de rendre les choses plus faciles et d'attirer plus d'investissements directs étrangers (IDE). Même si cette règle est maintenue, par l'Etat, pour des secteurs stratégiques tels les hydrocarbures ou les médias, elle devra être levée pour d'autres secteurs, car les IDE ne permettent pas seulement l'investissement mais apportent aussi de la technologie et l'accès aux marchés, a conclu le responsable du FMI pour l'Afrique du Nord et Moyen Orient. B. A.