«Si la politique économique algérienne continue sur ce rythme, elle ira droit au mur» M.Zeidane a formulé différentes recommandations afin de parer au danger qui guette l'Algérie à long terme. C'est bon, mais juste pour un moment. Habituel- lement, il distribuait des bons points pour l'économie algérienne, le Fonds monétaire internationale (FMI) a dérogé cette fois à la règle. «Si la politique économique algérienne continue sur ce rythme, elle ira droit au mur», c'est ce que semble dire M.Zeine Zeidane, le chef de la mission du FMI, qui a, par la même formulé plusieurs recommandations à l'égard des autorités algériennes, notamment la nécessité d'introduire des réformes sur le plan économique. C'est lors d'une conférence de presse à l'issue de sa mission de consultations en Algérie, qui a duré deux semaines, que M.Zeidane a attiré l'attention sur le danger qui guette l'économie algérienne à long terme. Il a déclaré à ce propos que «si à long terme (20 ou 30 ans), il n'y a aucun changement de la politique économique algérienne, c'est inévitable: l'Algérie affichera des indicateurs négatifs sur le plan international». Bien que M. Zeidane ait salué certains progrès dans le domaine en Algérie, il n'en demeure pas moins que d'autres indicateurs économiques sont au «voyant rouge». C'est le cas de la masse salariale, que le chef de mission du FMI juge «très élevée par rapport aux comparateurs». C'est dans ce contexte qu'il a recommandé aux autorités algériennes de «faire attention à la soutenabilité des dépenses publiques» mais également de les rationaliser. Le déficit budgétaire a, lui aussi, été évoqué. D'ailleurs, d'après les chiffres fournis par M. Zeidane, il devrait se creuser à plus de 6% en raison de la diminution des recettes des hydrocarbures, et d'une nette augmentation des dépenses en capital et du maintien d'un niveau élevé de dépenses courantes. «Le solde du Fonds de régulation des recettes demeure considérable, mais il devrait accuser un repli pour la deuxième fois consécutive» a affirmé M. Zeidane qui a préconisé «l'adoption d'une règle budgétaire pour aider à gérer les recettes provenant des hydrocarbures». Par ailleurs, il a mis l'accent sur l'importance des investissements directs à l'étranger (IDE), en appelant à la création de l'environnement adéquat, notamment la simplification des procédures et l'élimination des contraintes, et en premier lieu sur «le volet administratif» qui constitue, selon lui, le principal frein pour le secteur privé. Dans ce sens, M.Zeidane a a souligné que «des réformes s'imposent pour améliorer le climat des affaires, lever les contraintes à l'investissement à l'étranger, promouvoir l'intégration au commerce international et réduire les rigidités du marché du travail», ajoutant «l'Algérie a besoin d'une croissance plus rapide et plus inclusive». M. Zeidane a évoqué le récent classement «Doing Business» de la Banque mondiale (BM) qui classe l'Algérie au 150e rang, et dira que cela «n'est pas normal au vu des potentialités de ce pays». Toutefois, le chef de mission du FMI relativise. Il juge qu' «à court et moyen terme, il n'y a aucune préoccupation macroéconomique». En dépit de ses mises en garde à long terme, il a relevé différentes avancées considérables. Ainsi d'après les chiffres de M. Zeidane, la croissance du PIB algérien devrait atteindre 4% en 2014 contre 2,8% en 2013. Le représentant du FMI a également mis en exergue le rythme de l'inflation qui continue sa tendance baissière. Il devrait d'ailleurs se situer sous les 2% et ce, en raison du «resserrement de la politique monétaire». Toutefois, cette tendance requiert «un suivi rapproché compte tenu du risque de nouvelles tensions inflationnistes». En outre, interrogé par L'Expression, sur la vulnérabilité de l'Algérie face à un éventuel choc financier, M.Zeidane dira: «L'Algérie a aujourd'hui des marges de manoeuvres extérieures considérables qui lui permettent de se préserver contre les chocs extérieurs.» Mais à long terme le discours est tout autre. D'après M. Zeidane il y aurait «un souci de soutenabilité auquel les autorités doivent s'attaquer maintenant». Afin d'éviter ce scénario, le représentant du FMI a préconisé «la consolidation budgétaire et la diversification des exportations».