La fièvre hémorragique Ebola a fait plus de 4 000 morts depuis son apparition, selon le dernier bilan de l'Organisation mondiale de la santé (OMS). Selon ce bilan, arrêté au 8 octobre, il y a eu au total 8 399 cas faisant 4 033 morts. Le précédent bilan, arrêté au 5 octobre, avait fait état de 8 033 cas, dont 3 865 décès. Evidemment, les décès sont, à l'exception d'un seul, enregistrés en Afrique. Il aura fallu donc des milliers de morts en Afrique, mais surtout un aux Etats-Unis, une contaminée en Espagne et quelques alertes seulement dans d'autres pays occidentaux pour qu'Ebola devienne un problème mondial. On en parlait du bout des lèvres. On ressentait un petit pincement à la vue des images de corps de femmes, enfants et hommes africains emportés par la fièvre. On rendait tacitement hommage à ces médecins et infirmières dont certains sont venus de loin, qui sont prêts à sacrifier leur vie pour sauver celle des malades, et ils l'ont fait. 416 membres du personnel soignant auraient contracté le virus et 233 en sont morts. Mais, hormis les actions engagées par les agences onusiennes et quelques ONG, qui restent insuffisantes, rien n'est entrepris pour stopper l'évolution du virus. On déplore les morts. Ebola devient un problème pour le monde entier, mais pas encore sa priorité première qui fera bouger tous les responsables. Et quand ça bouge, c'est pour en fait s'en prémunir et non contribuer à la lutte contre la propagation de l'épidémie. C'est dans cette optique que s'inscrit la demande de Rabat qui a sollicité, vendredi dernier, le report de la Coupe d'Afrique des nations (CAN-2015) de football, prévue du 17 janvier au 8 février au Maroc. Les autorités marocaines refusent de voir se rassembler sur leur sol des joueurs et des supporters venant de pays touchés par le virus Ebola. «Le Maroc a formulé cette demande sur la base de recommandations sanitaires très sérieuses [...]. Nous ne pouvons en aucun cas nous acheminer vers une prise de risque, le principe de précaution doit primer», arguera un conseiller du ministère marocain des Sports. La même réaction est venue du Canada qui a conseillé à ses ressortissants de quitter les pays les plus touchés par l'épidémie de fièvre Ebola tout en prenant, à ses frontières, des mesures de contrôle des personnes en provenance de ces mêmes pays. «Nous demandons aux Canadiens vivant en Sierra Leone, en Guinée et au Liberia d'envisager de quitter» ces pays par des vols commerciaux «tant que ceux-ci sont encore disponibles», a déclaré la ministre de la Santé qui expliquera que toutes les personnes en provenance des pays touchés par le virus seront contrôlées. Certes, la prévention est de rigueur et doit prévaloir, mais elle doit être généralisée et non exclusive. Il est normal de fermer ses frontières pour empêcher le virus de se répandre, mais il faut aussi intervenir là où il fait des ravages pour qu'il soit confiné. Si tous les pays qui s'inquiètent pour la santé de leurs citoyens réservaient un petit bout de leurs inquiétudes à ces pays démunis de tout, Ebola, et bien d'autres maladies et fléaux, n'auraient jamais alignés autant de morts. H. G.