Fait inédit dans les annales de la Police nationale, plus d'un millier des membres des Unités républicaines de sûreté (URS) ont manifesté et observé un sit-in devant la sureté de wilaya de Ghardaïa. Cette manifestation inédite reflète l'état de fatigue et de lassitude de ces policiers dont la majorité est dans la wilaya de Ghardaïa depuis plus de 10 mois. Les revendications avancées par les agents de l'ordre font référence à des permissions et à une amélioration des conditions de vie sur place. Ces policiers affirment qu'ils ont le droit de rendre visite à leurs familles. Il semblerait que la gestion de la ressource humaine n'ait pas pris en compte cet aspect. L'affectation qui devait être provisoire s'est éternisée en raison de la persistance des heurts dans la région. Un journaliste de l'APS rapporte que les agents de maintien de l'ordre, pour la plupart issus d'autres wilayas du pays, ont exprimé pacifiquement leur «désarroi» sur leurs «conditions de travail» marquées par des attaques au cocktail Molotov des émeutiers à Berriane et l'interdiction à ces policiers d'utiliser la force «pour se défendre». Les protestataires ont refusé de discuter avec leurs responsables hiérarchiques exigeant, par conséquent, la présence du ministre de l'Intérieur. «Nous interpellons le ministre de l'Intérieur sur la situation catastrophique que nous vivons dans la région marquée par des émeutes», ont-ils scandé durant leur sit-in. Le directeur général de la Sûreté nationale, Abdelghani Hamel, s'est déplacé sur les lieux pour s'enquérir des préoccupations des policiers protestataires, a constaté le journaliste. Ce constat est confirmé par un premier communiqué de la Dgsn affirmant que M. Hamel s'est déplacé pour s'enquérir de la question. Un communiqué annulé et qui a été remplacé par un autre affirmant qu'il s'agit d'une simple visite de routine pendant laquelle le Dgsn a rencontré des policiers qui lui ont fait part de leurs préoccupations socioprofessionnelles. M. Hamel a affirmé à ses interlocuteurs qu'il prendra en charge les revendications. Il leur rappellera également que le métier qu'ils ont choisi présente des risques et que la Police nationale est «le bouclier protecteur de l'Etat et des citoyens». La même source dément tout décès au sein des policiers qui ont été attaqués à coups de cocktails Molotov lors de la nuit de samedi à dimanche à Berriane. Une attaque qui a fait trois blessés parmi les forces de maintien de l'ordre. La loi ne permet pas aux membres de la Police nationale de se doter de syndicats. Cette manifestation est peut être l'occasion pour que des voies de dialogue social soient trouvées au sein de cette institution. Des gardes communaux avaient aussi manifesté à plusieurs reprises pour que leurs revendications sociales soient écoutées et prises en charge. La situation restait tendue à Ghardaïa au moment où nous mettions sous presse. Dans l'après-midi, plusieurs centaines d'élèves, collégiens et lycéens de la partie de la vallée du M'zab, qui regroupe deux communes (Ghardaïa et Bounoura), ont été libérés de leurs établissements scolaires qui ont décidé de fermer leurs portes. A. E.