Dix jours après l'annonce faite par la Suède de reconnaître l'Etat de Palestine, les parlementaires du Royaume-Uni ont adopté par 274 voix contre 12 une motion appelant le gouvernement britannique à «reconnaître un Etat palestinien aux côtés de l'Etat d'Israël». Les députés britanniques se sont prononcés lundi pour la reconnaissance d'un Etat palestinien appelant leur gouvernement à en faire de même. Le vote des députés britanniques ne va rien changer sur le terrain puisqu'il revêt un caractère purement symbolique et que le gouvernement de David Cameron ne sera pas contraint de s'y conformer. Mais son caractère symbolique reste indéniable dans un pays comme le Royaume-Uni. Ce dernier s'était abstenu en 2012 lors du vote sur le statut d'Etat observateur à l'ONU pour la Palestine. Durant les débats, le ministre chargé du Moyen-Orient, Tobias Ellwood, a souligné que seule la fin de l'occupation assurera qu'un Etat palestinien puisse devenir une réalité sur le terrain. La motion avait été déposée par le député travailliste Grahame Morris et a obtenu l'appui de nombreux députés du Labour et des partis conservateur et libéral-démocrate au pouvoir. Plusieurs députés travaillistes pro-Israël se sont opposés à la motion. «La Grande-Bretagne a une responsabilité historique et morale» de reconnaître l'Etat de Palestine, a estimé le député conservateur Alan Duncan, ancien secrétaire d'Etat au Développement international, dans une allusion au mandat britannique sur la Palestine au XXe siècle. «Ça fait trop longtemps que la Palestine est occupée, que ses habitants vivent une vie misérable. Que les Israéliens continuent, petit à petit, à construire sur des terres qui ne leur appartiennent pas. Il est grand temps que le monde reconnaisse l'Etat palestinien comme l'ont déjà fait 134 pays auprès des Nations unies», a souligné l'ancien ministre. L'on estime qu'une reconnaissance, même symbolique, d'un Etat palestinien par Westminster pourrait bien inspirer «d'autres Etats de l'UE» et décomplexer les récalcitrants. Le vote positif au Parlement britannique pourrait exercer «une pression énorme sur le gouvernement actuel et le suivant» au Royaume-Uni, qui doit élire son nouveau Premier ministre en mai 2015. Pendant la sanglante agression israélienne sur Ghaza l'été dernier, la politique du gouvernement Cameron a été vivement critiquée et des manifestations hebdomadaires ont rassemblé des dizaines de milliers de personnes à Londres. Le 5 août, la secrétaire d'Etat aux Affaires étrangères, Sayeeda Warsi, avait même démissionné en réaction à une position britannique «moralement indéfendable». D'autres membres du Parti conservateur avaient exprimé leur malaise et le leader du Parti travailliste Ed Miliband avait regretté le silence «injustifiable» de David Cameron sur la mort de centaines de Palestiniens innocents. Depuis, un cessez-le-feu est entré en vigueur mais le processus de paix reste bloqué et les perspectives de résolution du conflit semblent très sombres. Dans une interview pour l'hebdomadaire The Observer Sayeeda Warsi a été on ne peut plus claire : «Les négociations sont au point mort. Nous devons trouver une manière de leur insuffler une nouvelle vie et l'une des manières de le faire est de reconnaître l'Etat palestinien.» M. B./Agences