Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a annoncé mardi à Ghaza un premier chargement de matériel destiné à la reconstruction de cette enclave palestinienne dévastée par les bombardements israéliens, alors que le parlement britannique s'est prononcé en faveur d'une reconnaissance de l'Etat de Palestine. Le secrétaire général et sa délégation embarqués dans des jeeps blanches frappées du sigle de l'ONU ont cahoté à travers des blocs entiers écrasés par les bombes dans ce quartier situé à l'est de la ville de Ghaza, à quelques kilomètres seulement de la frontière avec l'occupant israélien. Ils ont été salués à leur passage par des centaines de milliers de Palestiniens déplacés par la guerre. M. Ban est arrivé mardi à Ghaza afin de mesurer par lui-même l'ampleur de la destruction de l'enclave, dévastée durant cinquante jours cet été par les opérations militaires israéliennes où près de 2.200 civils palestiniens ont été tués, et pour laquelle les donateurs ont promis 5,4 milliards de dollars. "Mon cœur est très, très lourd", a dit le secrétaire général lors de sa première visite dans la bande de Ghaza depuis l'agression israélienne de juillet et août, "l'ampleur de la destruction que j'ai vue en venant ici dépasse toute description". M. Ban s'est rendu compte de l'étendue du désastre en se rendant à Chejaiya aussitôt après avoir traversé le point de passage entre Israël et la bande de Ghaza. La désolation est bien plus grande encore que celle qu'il avait déjà constatée en 2009 après l'opération "Plomb durci", a-t-il dit. Depuis, le territoire exigu sur lequel s'entassent environ 1,8 million de personnes - dont 1,2 million sont déjà des réfugiés des conflits antérieurs - a encore connu deux nouvelles agressions israéliennes. M. Ban a dit venir à Ghaza "avec un message d'espoir", celui délivré dimanche lors de la conférence des donateurs du Caire. La communauté internationale y a promis 5,4 milliards de dollars d'aide pour Ghaza. Il a annoncé que le premier camion transportant du matériel de reconstruction en vertu d'un accord entre l'ONU, Israël et la Palestine arriverait le jour même à Ghaza. L'importation de ce matériel est un enjeu majeur entre Israéliens et Palestiniens. Sans lui, les Palestiniens ne peuvent reconstruire. Mais les Israéliens veulent la garantie que le matériel délivré ne sera pas détourné. Aux termes de l'accord conclu en septembre, l'ONU est donc censée veiller à ce que le matériel importé reste à usage civil. Il reste cependant à Israël à lever son blocus, comme l'en presse une grande partie de la communauté internationale et comme l'a fait à nouveau M. Ban. Comme la veille à El Qods occupée lors d'une rencontre avec le Premier ministre Benjamin Netanyahu au cours de laquelle les tensions entre l'ONU et Israël se sont étalées au grand jour, M. Ban a appelé Israéliens et Palestiniens à reprendre les discussions de paix et à s'attaquer aux causes profondes du conflit. Après la Suède, la GB se prononce en faveur de la reconnaissance de la Palestine Dix jours après l'annonce faite par la Suède qu'elle allait reconnaître l'Etat de Palestine, le Parlement britannique s'est prononcé lundi soir en faveur de sa reconnaissance dans une motion appelant leur gouvernement à en faire de même, lors d'un vote non contraignant. La motion avait été déposée par le député travailliste Graham Morris et a obtenu l'appui de nombreux débutés du Labour et des partis conservateur et libéral-démocrate au pouvoir. "La Grande-Bretagne a une responsabilité historique et morale" de reconnaître l'Etat de Palestine, a estimé le député conservateur Alan Duncan, ancien secrétaire d'Etat au développement international, renvoyant au mandat britannique sur la Mésopotamie et sur la Palestine au XXe siècle. "Ca fait trop longtemps que la Palestine est occupée, que ses habitants vivent une vie misérable. Que les Israéliens continuent, petit à petit, à construire sur des terres qui ne leur appartiennent pas. Il est grand temps que le monde reconnaisse l'Etat palestinien comme l'ont déjà fait 134 pays auprès des Nations Unies", avait insisté l'ancien ministre sur Skynews. Une reconnaissance, même symbolique, d'un Etat palestinien par Westminster pourrait inspirer "d'autres Etats de l'UE" à s'engager dans la même voie, a affirmé l'auteur de la motion. La majorité des Palestiniens soutiennent le gouvernement d'union Selon une enquête d'opinion rendue publique lundi, la majorité des Palestiniens de Cisjordanie et de la bande de Ghaza se déclarent confiants dans la capacité du gouvernement d'unité palestinien à reconstruire Ghaza. Ce sondage réalisé par un centre de recherche basé à Ramallah, (Arab World for Research and Development), indiqué que 74 % des 1 200 personnes interrogées disent faire confiance au gouvernement d'unité du Premier ministre Rami Hamdallah pour la reconstruction de Ghaza. A l'heure actuelle, quelque 100.000 Palestiniens se retrouvent sans abri dans cette bande de territoire exigu et surpeuplé, où 45% de la population active était au chômage, l'une des fâcheuses conséquences des attaques répétées depuis près de sept décennies. Dimanche, les donateurs internationaux ont promis aux Palestiniens 5,4 milliards de dollars d'aide, dont la moitié serait utilisée pour la reconstruction dans la bande de Ghaza tandis que le reste pourrait être octroyé à d'autres zones palestiniennes.