Sayeeda Warsi, première femme musulmane secrétaire d'Etat au Royaume-Uni, a démissionné mardi, disant ne plus pouvoir "soutenir la politique du gouvernement sur Gaza" qu'elle a qualifiée de "moralement indéfendable". "C'est avec un profond regret que j'ai écrit ce matin au Premier ministre pour lui remettre ma démission. Je ne peux plus soutenir la politique du gouvernement sur Gaza", a écrit Sayeeda Warsi, actuelle secrétaire d'Etat conservatrice au ministère des Affaires étrangères, sur son compte officiel Twitter. Cette démission accroît la pression sur le gouvernement de David Cameron, actuellement en vacances au Portugal et critiqué depuis plusieurs jours par l'opposition travailliste, qui lui reproche de ne pas adopter une ligne plus dure vis-à-vis d'Israël. "Je comprends la force de vos sentiments concernant la crise actuelle au Proche Orient -- la situation à Gaza est intolérable", a réagi dans l'après-midi le Premier ministre, tout en regrettant que Mme Warsi ait annoncé sa démission sur Twitter sans l'en informer au préalable. "Nous pensons évidemment qu'Israël a le droit de se défendre. Mais nous avons continuellement fait part de nos préoccupations quant au nombre élevé de victimes civiles et appelé Israël à la retenue et à trouver des solutions pour mettre fin à ces combats", a-t-il ajouté à l'adresse de Mme Warsi, une avocate de 43 ans mère de cinq enfants, qui dit sur son site internet être "surtout connue comme la première musulmane à avoir servi au sein du cabinet du gouvernement britannique". Dans sa lettre de démission, qu'elle a publiée sur son compte Twitter, Mme Warsi craint que la crise de Gaza et la réponse britannique ne puissent constituer "une base de radicalisation", ce qui "pourrait avoir des conséquences (au Royaume-Uni) pendant les années à venir". Cette femme politique d'origine pakistanaise affirme en outre qu'il y a "un grand malaise au sein du ministère des Affaires étrangères (...) quant à la façon dont des décisions récentes ont été prises". Philip Hammond, qui a remplacé mi-juillet William Hague à la tête de la diplomatie britannique, lui a répondu en qualifiant sa démission de "surprenante" à un moment où "on voit enfin un peu d'apaisement" avec l'entrée en vigueur mardi d'un cessez-le-feu de 72 heures et le retrait de l'armée israélienne de la bande de Gaza. Le ministre conservateur des Finances, George Osborne a, lui, jugé que cette démission "était une décision décevante et franchement inutile". Personnalité d'ouverture La baronne Warsi occupait depuis septembre 2012 le poste de secrétaire d'Etat au ministère des Affaires étrangères et secrétaire d'Etat chargée des cultes et des communautés. Elle était responsable des questions ayant trait à l'Afghanistan, au Pakistan, au Bangladesh, à l'Asie centrale, aux droits de l'Homme, aux Nations unies, aux organisations internationales et à la Cour pénale internationale, précise le site internet du gouvernement. Elle avait été nommée au cabinet gouvernemental en 2010 lorsque David Cameron est devenu Premier ministre, symbolisant sa volonté d'ouverture aux femmes et aux personnes issues de l'immigration. Elle a siégé au cabinet jusqu'en 2012 avant d'être rétrogradée au rang de membre non permanent, tout en conservant sa fonction de secrétaire d'Etat. Ancienne présidente du Parti conservateur et élue de la chambre des Lords, la chambre haute du Parlement britannique, elle y était chargée des questions diplomatiques. Elle a reçu l'appui du leader de l'opposition travailliste Ed Miliband, qui a déclaré à la BBC que la "position du gouvernement était erronée" et que la décision de Sayeeda Warsi était "complètement appropriée". La semaine dernière, Ed Miliband avait brocardé le silence "inexplicable" de David Cameron sur une guerre dévastatrice marquée par la mort de plus de 1.850 Palestiniens, selon les services de secours de Gaza, et côté israélien par celle de 64 soldats et de trois civils. "David Cameron a raison de condamner le Hamas en tant qu'organisation terroriste mais doit sortir de son mutisme quant aux actions indéfendables d'Israël", a-t-il martelé mardi. Le numéro 2 du gouvernement, le libéral-démocrate Nick Clegg, s'est lui aussi démarqué de la position de David Cameron, en rappelant avoir été l'un des premiers hommes politiques britanniques à estimer que "l'intervention militaire israélienne semble disproportionnée".