La coalition menée par les Etats-Unis continue ses opérations contre les principales positions du groupe Etat islamique dans la ville kurde de Kobané connu aussi en Syrie sous le nom d'Aïn al-Arab. Sans résultat tangible. Plus d'un mois après le début de l'offensive de l'EI sur Kobané le groupe djihadiste est loin de montrer des signes de déroute. Seuls les combattants kurdes opposent toujours une forte résistance aux djihadistes. La prise de la ville kurde pourrait permettre au groupe extrémiste de renforcer son emprise sur la frontière syro-turque. Une évolution qui pourrait faire basculer l'âpre lutte stratégique sur le terrain. Le sort de cette ville, devenue le symbole de la lutte contre Daech, reste totalement incertain malgré les combats acharnés qui ont fait près de 700 morts et poussé à la fuite des centaines de milliers d'habitants de la région. Les forces kurdes ne parviennent pas à évacuer les civils bloqués à l'intérieur de la ville. L'ONU parle de centaines de civils encore dans le centre-ville, et de 10 000 à 13 000 rassemblés tout près de la frontière. Le groupe Etat islamique, dont la montée en puissance a été favorisée par la guerre civile qui ravage la Syrie depuis mars 2011 et par le soutient initial des Occidentaux et certains pays de la région, combat sur d'autres fronts. À Deir Ezzor dans l'Est et près d'Alep dans le Nord, contre les forces du régime, ainsi que contre les Kurdes. Alors que Kobané semblait il y a quelques jours sur le point de tomber aux mains de Daech qui en contrôle 50%, la résistance des Kurdes et probablement une intensification des frappes semble parvenir à freiner l'avancée des djihadistes. Mais pour le Pentagone qui exclu des troupes au sol pour combattre l'EI «Kobané pourrait encore tomber» et des responsables américains ont rencontré pour la première fois des membres du principal parti kurde syrien hors de la région. La chute de Kobané porterait surtout un coup dur à la légitimité des combattants kurdes, sa prise permettrait à Daech de se prévaloir surtout d'un succès sur la coalition et les Kurdes. Le porte-parole du Pentagone, John Kirby a souligné l'importance stratégique de Kobané. «Ce qui la rend importante, c'est le fait que l'EI la veut. Plus il la veut, plus il déploie de forces et de ressources, et plus il y a de cibles pour nous.» La Turquie a déployé de son côté des troupes, des chars et de l'artillerie à la frontière, mais sans intervenir. Ankara reste flegmatique face à cette bataille qui se déroule à sa frontière. En Irak voisin, les Etats-Unis, après avoir reconnu être inquiets de la progression des djihadistes qui contrôlent la majorité de la province d'Al-Anbar dans l'Ouest malgré les frappes, se sont montrés plus rassurants quant au sort de Baghdad, en dépit des attentats des derniers sanglants attentats. Accusé de crimes contre l'Humanité, Daech qui compte des dizaines de milliers de combattants dont de nombreux étrangers y compris occidentaux, est responsable de terribles exactions : viols, rapts, exécutions, décapitations. M. B./Agences