Recrudescence inquiétante. La femme tourne souvent le dos au dépistage précoce en raison de diverses craintes -liées à la propre maladie et aussi vis-à-vis de son entourage direct. Elle aggrave sans le vouloir la maladie. Une démission souvent encouragée par le manque de structures spécialisées à travers quelques régions du pays ou le retard dans la réalisation des centres anti-cancer (CAC) dont celui de Constantine qui s'est éternisé. Les séances de radiothérapies sont trop espacées, le mal en profite pour progresser. Le cancer du sein affiche des statistiques rouges d'année en année. En Algérie, elles dépasseraient les 11 000 nouveaux cas par an, selon les épidémiologistes qui s'appuient sur les chiffres enregistrés auprès des structures publiques, notamment les centres anti-cancer. Sans parler des cas décelés ou carrément ignorés par des patientes, qui prennent leur mal en solo faute d'une prise en charge de départ. À Constantine, il (cancer du sein) demeure le plus fréquent, avec 38% parmi les autres types de cette maladie touchant aux femmes, dépassant les 200 nouveaux cas par an. Le talon d'Achille réside dans la thérapie toujours battant de l'aile depuis plusieurs années. Le centre anti-cancer (CAC), qui accueillait les 17 wilayas de l'Est, en travaux depuis plusieurs mois, tarde à livrer sa nouvelle configuration pour permettre aux cancéreux d'être traités dans des conditions humaines décentes. Si le CAC de Sétif, inauguré dernièrement, est venu apaiser le mal d'une frange des Hauts-Plateaux, celui de la capitale de l'Est renvoie à des dates imprécises. La dernière visite en août dernier du ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière au CHU Benbadis, où est implantée la nouvelle extension du CAC, était pleine de promesse. Le responsable a lancé aux détenteurs des projets un ultimatum de 4 mois pour reprendre les activités au sein de la structure en chantier «perpétuel», pourpermettre d'accueillir, une fois les extensions et le troisième accélérateur installé, au moins 300 malades par jour pour des séances de radio et/ou chimiothérapie, soit une rotation à plein régime. On n'est pas encore à ce stade. Les patients maintiennent leur défilement, impuissants. Et le recours au privé pour ce genre de thérapie n'est pas étape aisée, leur bourse ne leur permettant pas de s'engager dans des cycles aux retombées ruineuses sur le plan financier et avec un niveau insignifiant de remboursement des charges par la sécurité sociale. De plus le dépistage précoce préconisé à haute voix par les multiples services hospitaliers n'attire pas grande gent féminine. Des appréhensions assorties de tabous endiguent l'opération, ce qui rend la tâche ardue pour le staff médical, qui accueille des patientes souvent à un stade avancé de la maladie. C'est la complication ... irréversible. À ce propos la bataille initiale du staff médical, épaulé par des associations et des structures sanitaires de proximité, réside dans l'intensification des actions de prévention auprès des femmes à travers la sensibilisation au dépistage. Quitte à le rendre «obligatoire» étant donnée la recrudescence de la pathologie. L'inquiétude est autant manifeste si l'on sait que la prévention peine à s'imposer malgré les multiples implications et initiatives des associations, des médias et des spécialistes lesquels tirent la sonnette d'alarme à chaque occasion et surtout en cet octobre rose. Le diagnostic précoce de la maladie permet des résultats rassurants, et confirmés par la médecine. «Il faut aller vers le dépistage prématuré lorsque la femme est jeune, moins de 40 ans. Car plus on détectera précocement plus on a des chances de guérisons», certifient des spécialistes en sénologie. Le test s'effectue par autopalpation du sein en premier lieu, il n'est pas difficile de le réaliser pour peu que la patiente ait le courage et soit surtout consciente des conséquences en cas d'une passivité dans le recours au dépistage. Pour la catégorie un peu âgée, c'est-à-dire les plus de 40 ans, les oncologues préconisent des mammographies cycliques, au moins une par intervalle de deux années, afin de s'assurer qu'il n'existe aucune trace de ce mal ravageur. Le ministère du Travail avait imposé en 2010 des dépistages du cancer du sein dans le corps des assurées, mais l'option n'aura pas été élargie généreusement aux autres souches défavorisées. Les avancées thérapeutiques ont fait bon chemin pour anéantir ce mal dévastateur qui hante les femmes. Avec des rendez-vous espacés de radiothérapie et en l'absence d'un agenda réfléchi à cause des pannes récurrentes et les ruptures souvent récurrentes en médicament, les malades, contre leur gré, digèrent douloureusement l'évolution de leur malaise. En clair dépister précocement est la meilleure thérapie à condition que le relais soit pris illico presto par les CAC et autres centres spécialisés. Sinon... les statistiques ne traitent que de l'incidence et non des personnes en rémission ou guéries. C'est du ressort du plan national de lutte. N. H.