Dans le cadre de sa projection dans plusieurs wilayas du pays, la fresque historique Fadhma N'Soumer, le burnous embrasé, réalisée par Belkacem Hadjadj, a été projetée vendredi à Tizi Ouzou, dans le cadre de la commémoration des évènements du 17 octobre 1961. La projection du film a été accueillie avec beaucoup d'émotion par les cinéphiles de la wilaya, rapporte l'APS. Ce long métrage d'une durée de près de deux heures, consacré à l'icône féminine de la résistance populaire, en Kabylie, contre l'armée coloniale française durant les premières décennies du colonialisme, projeté à la Maison de la culture Mouloud-Mammeri, dans une salle archicomble, en présence du réalisateur et d'une équipe de comédiens, a été reçu par les applaudissements et les youyous du public. L'actrice franco-libanaise Laëtitiea Eïdo, qui a appris le kabyle pour les besoins du film, a campé avec brio le rôle de l'héroïne grâce à son charisme et une bonne et claire diction, ce qui ajoute à la qualité de ce biopic (biographical picture) à travers lequel le réalisateur a tenté de restituer des faits historiques avérés, en faisant appel à des universitaires, dont des historiens et des anthropologues, sur un personnage où les écrits historiques se sont avérés rares et les légendes légion. Pour le scénario de Fadhma N'Soumer, co-écrit avec le Canadien Marcel Beaulieu, Belkacem Hadjadj a voulu restituer toute l'atrocité et la cruauté d'un colonialisme sauvage et sanguinaire qui n'épargnait ni femmes ni enfants, des scènes poignantes, émouvantes, parfois très violentes, et retracer les exactions de l'armée coloniale française durant la période allant de 1847 et 1857, année de la capture de la fière Fadhma N'Soumer. La fiction est habillée par la musique du compositeur algérien Safy Boutella, et parée de chants portés par la voix chaude d'Ali Amrane, écrits et composés par lui-même, et qui en voix off chante l'épopée des résistants. Le choix des costumes et du décor, la beauté et la profondeur des dialogues, signés par le poète Mohamed Benhamadouche, replongent le public dans la Kabylie du 19e siècle, souligne l'APS.Le destin exceptionnel de Fadhma N'Soumeur, qui commence par un mariage accepté à contrecœur pour faire taire les mauvaises langues, se croise avec celui du résistant et chef de guerre Cherif Boubaghla, interprété par le franco-marocain Assad Bouab. Deux personnes entre qui est né un amour impossible, Fadhma étant mariée à un homme qu'elle a quitté pour retourner dans son village natal, mais qui refuse de la libérer des liens du mariage. Belkacem Hadjadj a souligné, lors de cette séance, que s'il a choisi de ne pas montrer Fadhma N'Soumer faire la guerre, c'est parce qu'«il n'y a aucune source qui rapporte qu'elle avait pris les armes. Son rôle résidait dans la mobilisation et l'unification des tribus kabyles contre le colonisateurs, par la force de son discours et sa force de persuasion». Un rôle qui s'exprime, pleinement lorsqu'elle parvient à rallier un ami de la France à sa cause et à le retourner contre l'ennemi, au moment où la mobilisation des tribus kabyles, contraintes à la famine à cause d'un blocus imposé par l'armée coloniale française, commençait à fléchir. Le film est programmé pour des projections et débats en présence du réalisateur et d'une partie de l'équipe du film le 19 octobre à Batna et Souk Ahras, le 21 à Oran et Tiaret, le 22 octobre à Saïda et Sidi Bel Abbès, le 23 octobre à Tlemcen et le 25 octobre à Tamanrasset. R. C.