Belkacem Hadjadj est revenu sur le rôle de Fadhma n'Soumer interprété par la Franco-Libanaise Laëtitia Eïdo, contrainte d'apprendre la langue kabyle, avec l'apport du poète Benmohammed, pour interpréter le rôle. C'est hier, vendredi, qu'a été projeté le long métrage "Fadhma n'Soumer" de Belkacem Hadjadj, à la grande salle de la maison de la culture Mouloud-Mammeri, et ce, en présence de son réalisateur qui a déclaré d'emblée, face à une assistance nombreuse : "Je vais quand même vous rappeler que la date d'aujourd'hui, celle du 17 Octobre, est très importante. Cela nous fait plaisir que le film soit projeté à cette date symbolique qui rappelle un événement important de notre histoire." Le film a été produit dans le cadre du cinquantenaire de l'Indépendance. Projeté en présence des autorités locales dont le wali et le P/APW, ainsi que d'un public nombreux, venu des quatre coins de la Kabylie pour apprécier une belle œuvre cinématographique, dont des figures connues comme le poète Benmohammed, l'auteur des dialogues, le film "Fadhma n'Soumer" a suscité un riche débat. Pour de nombreux intervenants durant le débat qui a suivi la projection du film, Belkacem Hadjadj, par son œuvre, a su restituer "la sacralité" de la terre chez les habitants de la Kabylie, ce qui n'est, en fait, qu'une facette développée dans ce travail cinématographique important, qui a nécessité d'énormes moyens logistiques et humains, car l'auteur évoque également ce côté "rebelle", mystique et spirituel de Lala Fadhma n'Soumer qui a su briser les tabous, en accédant entre autres à tajmâat (assemblée du village et des archs) uniquement réservée aux hommes. La projection du film a également permis d'évoquer, longuement, la place du mythe dans la société kabyle en particulier et algérienne en général. À ce sujet, Belkacem Hadjadj dira : "Le mythe était nécessaire pour aiguiller la Révolution à l'époque. Devant une armée plus forte matériellement, il a fallu nourrir le mythe autour de l'immortalité de Boubaghla, afin de démontrer sa puissance. Il possédait un pouvoir surnaturel, ce qui faisait sa force", tout en rappelant, encore une fois, que cette œuvre est une fiction qui s'inspire de l'histoire. "On ne peut pas raconter toute l'histoire de Fadhma n'Soumer en deux heures, être fidèle à cent pour cent aux personnages et à l'ensemble des événements, il a donc fallu faire un choix", avoue le réalisateur du film. Belkacem Hadjadj est revenu sur le rôle de Fadhma n'Soumer interprété par la Franco-Libanaise Laëtitia Eïdo, contrainte d'apprendre le kabyle, avec l'apport du poète Benmohammed, pour interpréter le rôle. "Ce n'était pas chose aisée pour nous de trouver un personnage idéal pour incarner le rôle de Fadhma n'Soumer comme il se devait. Il a fallu trouver une femme qui apporte la crédibilité physique à la dimension de ce personnage hors normes, car dans le cinéma c'est l'image qui est importante, et là, Laëtitia Eïdo, était l'actrice idéale." Au réalisateur de revenir sur le personnage de Boubaghla dans le film, interprété par l'acteur marocain Bouab Assad, qui était plutôt un rôle classique, celui du guerrier, de l'homme d'action, un personnage de confrontation, par rapport à celui de Fadhma qui avait, en outre, une dimension spirituelle et agissante qui sort de l'ordinaire social de l'époque, avant de conclure : "Le cinéma est très important pour notre histoire. Dans un pays comme le nôtre qui a un rapport complexe avec son histoire, celle qu'on oublie et qu'on déforme..., celle-ci est quelque chose de fondamental que l'on doit recouvrer à tout moment. Beaucoup de problèmes actuels de la société algérienne sont le résultat d'un rapport biaisé avec l'histoire."