Développer les exportations algériennes hors hydrocarbures tel est l'objectif assigné par les pouvoirs publics, depuis le début de la décennie 1990. L'Algérie qui a connu durant les années 1980 une chute vertigineuse des prix du pétrole a voulu ainsi, se libérer de sa dépendance quasi totale (97%) de la rente pétrolière. Des efforts ont été déployés pour diversifier la structure de notre économie, mais en vain. L'objectif fixé n'est toujours pas atteint, alors que l'Algérie s'est lancée dans une nouvelle dynamique visant à s'intégrer dans le processus de mondialisation et d'échange avec les marchés extérieurs. Elle a donc signé moult accords, dont celui l'associant à l'Union européenne, et s'apprête aussi à adhérer à l'OMC (Organisation mondiale du commerce). Des marchés qui se veulent exigeants en termes de qualité. Chose devant permettre à nos entreprises d'aller de l'avant et se mettre au diapason des exigences de la mondialisation. Toutefois, au jour d'aujourd'hui, les entreprises nationales, excepté certains cas, peinent à positionner leurs produits sur le marché international. Le ministre du Commerce, Amara Benyounès, est revenu récemment sur ce point épineux. Il a ainsi regretté le fait que les exportations algériennes hors hydrocarbures, notamment vers l'Union européenne (UE), principal client de l'Algérie, demeurent encore «marginales». Prenant l'exemple du produit agricole, le ministre a souligné qu'«entre 2009 et 2013, nos exportations agricoles vers l'UE sont passées de 48 millions de dollars à 123 millions de dollars, soit 30% de nos exportations agricoles vers le monde, qui sont de l'ordre de 405 millions de dollars, en 2013». Aux yeux du ministre, 30% demeure un taux «très faible», vu le potentiel agricole existant (produits de terroir, fruits et légumes, viandes ovines...). Pourquoi l'Algérie peine-t-elle à promouvoir ses exportations hors hydrocarbures ? Selon les observateurs de la scène économique nationale, nos PME semblent être le maillon faible du processus de promotion des exportations hors hydrocarbures. La contre-performance des secteurs hors hydrocarbures sur le marché international est imputée, expliquent-ils, à la difficulté que rencontrent les PME pour gagner en compétitivité à l'international, mais également à la culture entrepreneuriale des chefs d'entreprises, ce qui constitue des contraintes aux PME pour se positionner sur le marché international. S'ajoute à cela le faible nombre d'entreprises exportatrices (une centaine, dont 40 seulement exportent de manière permanente). Un chiffre «insignifiant», jugent les experts, vu les performances des pays voisins et Européens. En France, à titre d'exemple, les entreprises exportatrices sont au nombre de 120 000. Les PME exportatrices sont au nombre de 400 000 en Allemagne et 200 000 en Italie. Ainsi, le développement des exportations hors hydrocarbures nécessite une démarche offensive à l'international de la part des entreprises et une capacité à s'adapter au nouveau contexte de mondialisation. Pour relever ce défi, il importe de mettre en place des dispositifs d'accompagnement des PME à l'international, et ce, par la présence sur les marchés ciblés de structures d'appuis telles que des représentations bancaires, compagnies d'assurances nationales et le développement d'un réseau de chambres de commerce. Il est à signaler qu'en 2013, nos exportations hors hydrocarbures, bien qu'en hausse de 5% par rapport en 2012, restent toujours marginales, représentant seulement 3,28% du volume global des exportations, soit l'équivalent de 2,16 milliards de dollars US. Ce qui inquiète le plus, selon les experts, reste la structure de ces exportations qui demeure dominée par les dérivés des hydrocarbures, «ce qui fait de Sonatrach le premier exportateur hors hydrocarbures», estime le président de l'Association nationale des exportateurs algériens (Anexal), Ali Bey Nasri. En 2013, ces produits (solvants-naphta, ammoniac, méthanol, hélium, etc.) ont totalisé 1,610 milliard de dollars, représentant ainsi 74,36% du volume global des exportations hors hydrocarbures. M. Ali Bey Nasri incrimine une rupture de chaîne, de la production à l'exportation en passant par la logistique et le conditionnement. Il incrimine également un environnement dissuasif à l'acte d'exporter. Il cite, entre autres difficultés, le transit portuaire trop lent et ses surcoûts et le fret maritime soumis au diktat des compagnies maritimes. Pour lui, l'agro-industrie reste le secteur qui a le plus de potentiel, mais qui reste fragile du fait de sa faible intégration en amont (agriculture). B. A.