Le gouvernement démis du Hamas à Ghaza a indiqué hier qu'il allait créer un haut comité national pour superviser les secours destinés à la bande de Ghaza après l'offensive israélienne dans ce territoire. Le haut comité, qui sera dirigé par Ahmed Al-Kurd, ministre des Affaires sociales, distribuera 35 millions d'euros (45 millions de dollars) à ceux qui ont perdu un membre de leur famille ou ont vu leur maison détruite lors de l'offensive israélienne. «Ce sera le seul organe à superviser les secours et nous serons en contact avec les autres organes, locaux ou internationaux pour les organiser», a déclaré Ahmed Al-Kurd lors d'une conférence de presse à Ghaza. Le gouvernement du Hamas a promis de verser 4 000 euros (5 200 dollars) à chaque famille dont la maison a été détruite et 1 000 euros (1 300 dollars) à chaque parent tué lors de l'offensive israélienne déclenchée le 27 décembre 2008 et qui a pris fin le 18 janvier 2009. Le ministre s'est refusé à préciser de quelle façon le gouvernement allait ou avait récolté ces fonds, la bande de Ghaza étant soumise par Israël à un strict blocus depuis que le Hamas en a pris le contrôle en juin 2007. «Nous avons, au gouvernement, la responsabilité de la bande de Ghaza. Les ministères disposent de budgets, de fonds, comme partout ailleurs dans le monde», a-t-il déclaré. L'offensive israélienne visant à stopper les tirs de roquettes de la bande de Ghaza sur le territoire israélien a fait 1 330 morts palestiniens et 5 450 blessés. Côté israélien, dix militaires et trois civils ont été tués. Le ministre n'a pas précisé le rôle qu'aurait le haut comité dans la reconstruction du territoire dévasté par les bombardements israéliens. Il a demandé la levée du blocus et l'ouverture des points de passage vers la bande de Ghaza. «Nous n'accepterons plus désormais une mort lente par le blocus. Nous avons fait des sacrifices lors de cette guerre [...] et nous n'avons pas sacrifié notre jeunesse pour revenir à la case départ», a-t-il affirmé. L'Autorité palestinienne du président Mahmoud Abbas, dont les forces ont été délogées de Ghaza par le Hamas en 2007, a indiqué qu'elle dirigerait les efforts pour la reconstruction dont elle a estimé le coût à environ 1,9 milliard de dollars. Le ton est donné sur le terrain de Ghaza qui risque de connaître un nouveau bras de fer entre les frères ennemis, Hamas et Fatah. La gestion des secours et leur supervision commencent à faire des vagues alors que Ghaza n'a pas encore pansé ses blessures, ni fait son deuil pour ses 1 300 morts. Certains éditorialistes ont évoqué, à juste raison, les risques d'une nouvelle guerre fratricide de nature à miner la cause palestinienne. C'est à ce titre que l'Algérie fait de la réconciliation interpalestinienne une condition préalable et urgente pour la reconstruction de Ghaza, pour la défense des intérêts nationaux palestiniens et enfin pour une vraie réconciliation arabe. Les populations palestiniennes en général et les Ghazaouis en particulier sont las des divisions et des luttes intestines des factions palestiniennes. Car tôt ou tard, si ces batailles rangées entre Hamas et Fatah perdurent, ce sont les masses qui se retourneraient contre leurs propres directions et pourraient les mettre dos à dos. Si Hamas est accusé d'être à la solde de l'Iran, Fatah est accusé d'être celle d'Israël. Ces accusations réciproques ne servent pas la cause palestinienne et font le jeu d'Israël qui semble se frotter les mains car il a toute latitude de s'en prendre aux Palestiniens avec la bénédiction de parties palestiniennes et arabes sous prétexte qu'il combat le terrorisme incarné par Hamas et l'Iran. Des Palestiniens semblent oublier qu'ils luttent pour l'indépendance de la Palestine et qu'ils n'ont pas d'Etat qui puisse souverainement faire des alliances avec tel ou tel pays. Tant que l'Etat palestinien n'existe pas, l'intérêt de tous les Palestiniens est d'être unis derrière un seul mot d'ordre : l'indépendance nationale et le recouvrement des droits nationaux. A. G.