L'enlèvement d'un soldat israélien a généré une tension et une crise lourdes de menaces. Revendiqué par un groupe armé palestinien, les Comités de la résistance populaire, l'enlèvement d'un soldat israélien, lors de l'attaque, dimanche dernier, contre un poste militaire qui a coûté la vie à deux soldats israéliens et à deux moudjahidine palestiniens, a généré une tension et une crise graduelles entre le gouvernement israélien et l'autorité palestinienne. Le Premier ministre israélien, Ehud Olmert, a délibérément indiqué qu'il a donné ordre à l'armée de se tenir prête pour une offensive de grande envergure contre les populations palestiniennes sous le fallacieux prétexte de «frapper les organisations terroristes, leurs chefs et tous ceux qui sont impliqués dans le terrorisme». Il se trouve que cette menace avait déjà été brandie par le chef des services israéliens de la Sécurité intérieure ( le Shin Beth ), Youval Diskin, qui a été reçu le dimanche même par le président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas. Pour bien étayer leur menace, les dirigeants israéliens ont en effet conjugué la mobilisation d'importantes forces d'infanterie et d'artillerie à quelques encablures de Ghaza et des autres localités palestiniennes et même la marine a été de la partie en resserrant son maillage sur le littoral de Ghaza pour empêcher une éventuelle exfiltration du soldat. Les Comités de la résistance populaire sont un petit groupe armé de la résistance palestinienne, constitué de transfuges de divers autres mouvements. Né de la seconde Intifadha, en septembre 2000, il était diligenté par Jamal abou Samhadana, un ancien lieutenant-colonel de la Sécurité nationale palestinienne, et un des résistants les plus recherchés par Israël qui a fini par l'assassiner le 8 juin lord d'un raid à Rafah, dans le sud de la bande de Ghaza. Ce groupe constitue avec les Brigades Azzedine el Qassam, la branche armée du Hamas, la force de frappe palestinienne la plus irréductible et c'est ce qui a conduit les dirigeants israéliens à accuser le Hamas d'être «totalement impliqué» dans l'attaque et l'enlèvement de dimanche, même si le Hamas a vigoureusement démenti. Le porte-parole du gouvernement palestinien, Ghazi Ahmed, a ainsi confirmé en hébreu à la radio israélienne que le gouvernement Hamas est en contact avec divers mouvements de résistance pour «trouver une solution satisfaisante». Ce qui confirme les informations selon lesquelles d'autres tentatives de médiation sont engagées, françaises du fait que le soldat enlevé est bi-national, égyptienne et autres. Le vice-Premier ministre palestinien, Nasseredine al Shaer, a exigé à Ramallah la libération immédiate du militaire israélien, ce qui montre que le Hamas oeuvre réellement à desserrer l'étau israélien, conscient de la menace de représailles qui pèse sur la population palestinienne et du prétexte ainsi donné aux militaires israéliens pour réinvestir les territoires occupés en y semant la mort et la désolation. Mais c'est surtout le président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, qui est soumis aux pressions internationales les plus intenses. Outre la France et la Grande-Bretagne, l'Allemagne s'est manifestée à travers le ministre des Affaires étrangères pour lui demander de faire traduire en justice les coupables et «d'entreprendre tout ce qui est humainement possible» pour libérer le soldat prisonnier. Abbas s'est déjà entretenu sur la question avec le Premier ministre Ismaïl Haniyeh afin d'évaluer les menaces israéliennes. Le fait est que le dirigeant palestinien voit dans cette affaire un acte délibéré de sape des négociations entre le Hamas et le Fatah qui étaient sur le point d'aboutir dans le cadre du dialogue national palestinien. C'est ce qui fait dire à l'un de ses conseillers, Ahmed Abderrahman, que «ceux qui ont réalisé cette opération se moquent de la légitimité et de l'Autorité palestinienne et ne veulent pas préserver les gains du retrait de Ghaza». Cette situation critique va indéniablement compliquer les relations interpalestiniennes et conforter Israël dans sa tentative de disqualification du Hamas en tant que représentant légitime du peuple palestinien, surtout que les pays membres du Quartette et certaines capitales acquises aux thèses israéliennes ne vont pas manquer de saisir le prétexte pour accuser le mouvement et le gouvernement qui en est issu de terrorisme. En tout état de cause, le peuple palestinien n'est pas au bout de ses peines et cette nouvelle épreuve risque fort d'être lourde de conséquences quant à son avenir proche.