Mohamed Nebbou Avec sa décision qui semble vouloir signifier «ni avec le pouvoir, ni avec l'opposition», le FFS rappelle son slogan des années 1990 «ni Etat policier, ni Etat intégriste». La décision pourrait constituer une surprise pour certains. Mais les observateurs avertis de la scène politique l'attendaient déjà, depuis quelques jours. Le FFS a décliné l'invitation à la rencontre de la Coordination nationale pour les libertés et la transition démocratique (Cnltd), tenue hier soir, au siège du RCD à Alger. Programmée pour l'installation de l'instance de suivi et de concertation, recommandée par la conférence de Zéralda du 10 juin 2014, la réunion s'est donc déroulée en l'absence du FFS qui préfère jouer en solo, en privilégiant les «contacts bilatéraux». Dans un communiqué rendu public, hier matin et signé par le premier secrétaire Mohamed Nebbou, le plus vieux parti de l'opposition a exprimé son souhait de ne pas intégrer cette instance de suivi et de concertation. «Nous privilégions actuellement des contacts bilatéraux avec les forces politiques et sociales en vue de réunir une conférence de consensus avant la fin de l'année», a expliqué le parti, tout en assurant qu'il continuait de suivre «avec attention, respect et intérêt», les initiatives de la Cnltd. «Comme vous le savez, le FFS a décidé de participer à la première réunion de la Cnltd, le 10 juin 2014, par esprit de consensus et pour exposer sa vision pour une issue démocratique et pacifique à la crise que traverse notre pays», a ajouté le FFS dans sa réponse à l'invitation de la Cnltd. Avec sa décision qui semble vouloir signifier «ni avec le pouvoir, ni avec l'opposition», tout en voulant regrouper les deux à l'occasion de la conférence de consensus, le FFS rappelle étrangement son slogan des années 1990 «ni Etat policier, ni Etat intégriste». Mais sa position peut se retourner contre lui si les participants à la rencontre d'hier, appliquent le principe de réciprocité et boudent sa conférence prévue, avant fin 2014. En tout état de cause, l'absence du FFS qui entend jouer le rôle de «facilitateur», lors de la conférence de consensus entre le pouvoir et l'opposition, n'a pas eu d'impact sur la rencontre de la Cnltd d'hier. Comme prévu, les principales forces de l'opposition étaient présentes au siège national pour donner suite à l'une des recommandations de la Conférence nationale de transition, organisée par la Cnltd le 10 juin dernier à Zéralda. Les membres de la Cnltd, à savoir les représentants du RCD, le MSP, Jil Jadid, Ennahda, le FJD et Ahmed Benbitour, des membres du Pôle de changement conduit par l'ex-candidat à l'élection présidentielle du 17 avril dernier, Ali Benflis, d'anciens chefs de gouvernement et d'autres personnalités politiques ont participé à cette rencontre. Ils ont installé l'instance de suivi et de concertation, composée de représentants des différents partis et d'anciens chefs de gouvernement. Les intervenants ont insisté sur la nécessité d'un changement pacifique du système politique. Ali Benflis a estimé que l'installation de l'instance de suivi et de concertation est un autre acquis de l'opposition algérienne, lui permettant une meilleure organisation et efficacité de ses actions. Pour lui, l'unité de l'opposition est un instrument et un moyen de changement démocratique, et non une fin en soi. Il a proposé que l'une des missions de l'instance installée consiste en l'élaboration d'un règlement intérieur de l'opposition unifiée, mais sans remettre en cause l'identité politique de chaque parti. Ali Benflis cherche aussi, comment impliquer le peuple en le convainquant de la nécessité du changement démocratique.