C'est une journée «historique tant attendue [...], les yeux du monde entier sont tournés aujourd'hui vers la Tunisie», ajoutera-t-il. Les bureaux de vote ont ouvert leurs portes, hier, pour près de 5,3 millions d'électeurs qui doivent désigner 217 députés. Ces législatives seront suivies de la présidentielle, le 23 novembre prochain. Pour garantir la sécurité, l'activisme des extrémistes islamistes et les actions de groupes terroristes pouvant inciter les citoyens à se terrer chez eux, les autorités tunisiennes ont déployé quelque 80 000 policiers et militaires. Et les Tunisiens sont sortis voter. Aucun incident n'a été signalé. À 14h30, le taux de participation s'établissait déjà à 42%, selon un membre de l'Instance supérieure indépendante pour les élections (Isie) organisatrice du scrutin, cité par plusieurs médias. Même s'il y a 1 329 listes de partis, de coalitions et indépendantes, tout le monde s'accorde à dire que ça se jouera entre les islamistes d'Ennahda, au pouvoir de début 2012 à début 2014, et leurs principaux adversaires, les laïques de Nidaa Tounès, qui partent favori de ce scrutin. À ce propos, M. Jomaa a appelé tous les candidats «à accepter les résultats des élections». Le président de l'Assemblée nationale constituante (ANC), Mustapha Ben Jaafar, ira dans le même sens en déclarant à l'agence TAP que «la première règle de la démocratie consiste à accepter les résultats des urnes». «Les cinq prochaines années seront décisives dans l'histoire de la Tunisie», ajoutera-t-il pour signifier l'importance de ce scrutin et, surtout, de son issue ainsi que des perspectives qu'il ouvre au pays. Cet avis est partagé par le leader du mouvement Nidaa Tounès, Béji Caïd Essebsi, qui considère que «les échéances électorales de l'année 2014 constituent un pas important vers la stabilité politique et sécuritaire». Ces élections «instaureront les institutions de l'Etat et constitueront la voie de sortie de la période transitoire vers une étape d'édification et d'aspiration vers un avenir meilleur», affirmera-t-il en se disant «optimiste». Car, il considère que pour difficile que fût l'expérience tunisienne de transition démocratique, elle a toutefois appris aux Tunisiens à s'unir autour de leur patrie. Pour sa part, le chef du mouvement Ennahda, Rached Ghannouchi, dans une déclaration à la presse, exprimera l'espoir de voir cet évènement se répercuter positivement sur la Tunisie. Selon lui, les élections transformeront le pays d'une bataille pour la liberté en une bataille pour assurer le développement, éradiquer la pauvreté et promouvoir l'économie, l'éducation, la culture et les médias. Car, comme l'a souligné M. Jomaa, la Tunisie «est confrontée actuellement à plusieurs problèmes et défis bien qu'elle demeure un pays prometteur capable de réaliser plusieurs acquis en deux ans». Or, tous ces chantiers en attente exigent une pérennité et une stabilité des institutions et de l'Etat. La Tunisie vient de faire le premier pas vers cette stabilité qui en fait un exemple de transition démocratique réussie parmi les pays du Printemps arabe -dont elle a été le précurseur- qui ont tous basculé dans le chaos ou l'instabilité. Et tous les espoirs d'une bonne continuité sont permis. H. G./Agences