Une première mondiale, l'Algérie, pays musulman du Sud, accueille le premier Congrès international féminin «Pour une culture de paix» dont le thème est «Paroles aux femmes» qui se tient du 28 au 31 octobre à Oran. La rencontre organisée par une ONG algérienne, Djanet El Arif de Mostaganem, et une ONG étrangère (l'Organisation internationale soufie âlawiya), donnera la parole à des femmes venues des quatre coins du monde avec l'intention affichée de mettre en débat des questions qui fâchent. On va ainsi parler de ces stéréotypes ancrés dans l'imaginaire collectif de la société masculine, où la femme est exclue de son rôle complémentaire pour être réduite à celui de bel accessoire, ce qui crée «un déséquilibre de l'être, de la société et une opposition de genres qui s'accentue», notent les organisateurs. Les congressistes débattront également des thèmes «Ethique et éducation», «Tradition et modernité : mariage ou divorce ?», «Féminin et culture de la paix» et enfin «Voilement et dévoilement». Avec ce dernier axe, elles et ils aborderont certainement un des sujets les plus épineux qui a toujours suscité polémiques et débats houleux. L'occasion sera donc donnée aux femmes d'ouvrir un dialogue constructif sur le sens du culturel, cultuel et spirituel du voilement et dévoilement. À lire seulement les intitulés des différents axes qui seront abordés lors de ce congrès, on peut affirmer sans crainte d'être contredits que ça fera grincer des dents plus d'un, pour user d'un gros euphémisme qui reste éloigné des réactions des deux extrêmes que peut illustrer le vitriolage de femmes dévoilées ou les manifestations de femmes nues. Et ce ne sont pas les religieux qui jettent la première pierre. La femme n'est pas une victime expiatoire de la religion et de la pensée, mais de ceux qui en font les lectures qu'ils veulent. Les organisateurs du Congrès sont bien évidemment conscients de la grosseur du pavé qu'ils jettent dans la mare et de l'onde de choc qu'il pourrait provoquer. Ils le disent. Leur objectif est de lever les tabous qui se construisent au fil du temps et des civilisations, depuis les ères antiques, et de déconstruire toutes ces «fausses vérités» collées au dos de la femme pour la réduire au statut de sous-homme dans les sociétés développées et d'objet dans les sociétés rétrogrades. Il n'est pas dit que tout va changer avec ce congrès, que la femme deviendra la valeur absolue qu'elle est et que la paix règnera dans le monde. Mais une voie est ouverte. «Il y a une année, ce congrès était un rêve, aujourd'hui il est réalité. Pourquoi le rêve d'une humanité vivant en paix ne se réaliserait-il pas un jour ? [...] Si on ne peut pas le faire aujourd'hui, semons-en, au moins, les graines pour les générations futures», dira fort à propos le Cheikh Khaled Bentounes, guide spirituel de la confrérie Soufie âlawiya. Tout est là : la préparation et l'éducation des générations futures pour que demain soit l'Homme soit tel que Dieu a voulu qu'il soit, ni esclavagiste ni esclave. H. G.