La grogne populaire contre la tentative du Président actuel du Burkina Faso de se maintenir au pouvoir au delà de la limite permise par l'actuel Constitution tend à se durcir. Les opposants à une révision constitutionnelle se sont massivement mobilisé hier à Ouagadougou, l'opposition parlant d'un million de manifestants. La fréquentation était bien supérieure à celle d'une précédente marche, le 23 août, qui s'étendait sur plusieurs kilomètres, et pour laquelle l'opposition revendiquait plus de 100 000 participants. Les protestataires arboraient des milliers de pancartes hostiles au régime et au président, sur lesquelles on pouvait lire : «Judas, libérez les lieux», «Blaise dégage» ou encore «Article 37 intouchable». «Notre lutte est entrée en phase finale. Maintenant, ça passe ou ça casse, la patrie ou la mort», a prévenu un représentant de l'opposition Zéphirin Diabré, pour qui «le changement est maintenant ou jamais». «C'est le dernier avertissement que nous lançons à Blaise Compaoré pour qu'il retire dès aujourd'hui» le projet de loi de modification de la Constitution. La tension est montée d'un cran lorsque des affrontements ont éclaté entre manifestants et forces de l'ordre lors de la manifestation. Plusieurs centaines de protestataires, munis de pierres et de barres de fer, se sont opposé aux forces de l'ordre qui ont répondu à coup de gaz lacrymogènes, au centre de la capitale. Des heurts se sont également produit à la sortie de Ouagadougou sur la nationale 1, le principal axe au Burkina Faso, où des violences se sont déjà produites durant la semaine. Ailleurs dans le pays, les manifestations, réfractaires à une perpétuation de la présidence de Compaoré, qui se sont tenues dans toutes les plus grandes villes, se sont dispersées dans le calme même si la tension reste de mise. Et l'expectative à son comble. L'Assemblée nationale du Burkina Faso devra examiner ce jeudi un projet de loi gouvernemental au cœur de la controverse visant à réviser l'article 37 de la Loi fondamentale pour faire passer de deux à trois le nombre maximum de quinquennats présidentiels. Ce changement permettrait à Compaoré, au pouvoir depuis 27 ans et qui doit achever en 2015 son actuel mandat, de se présenter à nouveau à l'élection présidentielle du Burkina Faso. Le Président en exercice est soupçonné de succomber à la tentation de la présidence à vie dans un pays où souvent l'accession au pouvoir se fait par l'entremise de putschs militaires. Le changement du garde-fou relatif à la limitation des mandats présidentiels est souvent une porte vers la présidence à vie notamment dans des systèmes politiques fermés, comme c'est le cas dans de nombreux pays d'Afrique. Blaise Compaoré, arrivé aux pouvoir en 1987 par un putsch, terminera en principe l'an prochain son deuxième quinquennat (2005-2015) après avoir effectué deux septennats (1992-2005). M. B./Agences