Dans un entretien accordé au journal électronique TSA qui l'a interpellé sur sa brouille avec El Khabar, suite à son appel aux annonceurs privés de ne pas donner la pub à des journaux qui «diffament et insultent», le ministre de la Communication, Hamid Grine, a maintenu la même position et les mêmes propos : «Je réitère mon appel aux annonceurs : ne prenez pas comme supports publicitaires des journaux qui diffament et insultent.» Aussi : «Je relance un autre message aux opérateurs privés, qu'ils soient nationaux ou internationaux : choisissez bien votre support, ne brouillez pas votre image en l'associant aux journaux qui diffament quel que soit leur tirage.» Le ministre ne cite pas précisément El Khabar bien qu'il y fasse clairement allusion, affirmant que c'est ce dernier qui se reconnaît et se montre comme tel. Et puisque c'est le cas, poursuit le ministre, «alors, je vais le répéter franchement : un journal qui diffame l'Etat n'aura pas la publicité de l'Anep parce que c'est cette publicité qui intéresse le journal que vous avez cité». Le premier responsable du secteur de la communication insiste davantage sur la question d'autant que, dit-il, ce sont ces mêmes annonceurs qui souhaitent cela : «Une presse libre et professionnelle, voilà ce que veulent les annonceurs et voilà ce que nous cherchons à faire et à encourager.» Encore une fois, Hamid Grine, en sa qualité de ministre de la Communication, affirme qu'il n'est pas contre la critique, mais plutôt ce qu'il considère être diffamatoire, pire une insulte : «Je suis pour la liberté d'expression la plus totale à condition qu'elle soit expurgée de son acné qu'est la diffamation. On veut critiquer l'action et le programme du gouvernement, on veut critiquer une politique ? Rien de plus normal. Mais qu'on y mette les formes. On n'a pas le droit de blesser, on n'a pas le droit d'insulter ou de mépriser, on n'a pas le droit de frapper bas. Le journaliste n'est pas au-dessus des règles de l'éthique et de la loi. Donc je suis pour tout débat, toute forme d'expression à condition qu'il n'y ait pas violence, qu'il n'y ait pas atteinte aux personnes. C'est d'ailleurs de cette manière qu'on peut se développer, en confrontant les idées.» Par ailleurs, le ministre de la Communication réfute les accusations portées à l'encontre de ceux qui gèrent la publicité de l'Anep. «La gestion de l'Anep n'est pas opaque, elle répond à des règles de déontologie et des objectifs de communication des annonceurs.» À la question sur l'octroi de la publicité «à des journaux qui ne sortent même pas de l'imprimerie», le ministre répond : «À ma connaissance, il y a trois ou quatre critères qui orientent le choix de l'Anep dont la déontologie et le tirage. Mais le plus déterminant, c'est le choix que fait l'annonceur lui-même. Pour moi, l'éthique et la déontologie sont les critères les plus déterminants. Pour nous, la grandeur d'un journal ne se mesure pas au tirage, mais au respect de l'éthique et des valeurs de la société algérienne. Vous me dites qu'il y a des journaux qui n'ont pas un grand tirage. Je dis que les 80 journaux, environ, qui ont la publicité de l'Anep font vivre, directement et indirectement, environ 25 000 familles. Il y a des journaux qui tirent à 5 000 exemplaires et qui emploient 200 ou 300 personnes. Il ne faut pas les montrer du doigt.» Revenant sur son projet de professionnalisation du secteur, le ministre affirme : «J'ai reçu de très nombreux messages de soutien me disant que nous sommes sur la bonne voie pour professionnaliser la presse. À l'heure où je vous parle, il y a plus de 1 300 dossiers qui ont été déposés au niveau de la Commission provisoire de la carte de journaliste professionnel, alors que déjà 1 200 d'entre eux ont été traités. Donc, les journalistes répondent en masse à notre projet de professionnalisation. Qu'un, deux ou trois directeurs de journaux soient contre ne m'émeut pas. Moi, ce qui m'importe, ce sont les 4 000 journalistes qui veulent améliorer leurs conditions de travail et s'inscrire dans la modernité et le professionnalisme.» Fort de ce soutien, le ministre poursuit : «Je réitère ce que j'ai dit : toutes les pressions, toutes les attaques, quelles que soient leur nature ne me feront pas reculer. Le projet de professionnalisation que nous menons depuis un certain temps, selon les instructions de son excellence le président de la République, sera achevé quels qu'en soient le prix et les entraves.» K. M.