Le Premier ministre a saisi l'occasion de sa visite d'inspection, jeudi passé, dans la wilaya d'Alger pour passer un message en matière d'utilisation de la dépense publique. Il n'est plus question, pour des projets destinés à être gérés par le secteur économique, de recourir à des dotations budgétaires. La baisse des cours du baril de pétrole et le rétrécissement du marché des hydrocarbures semblent être pris en compte par le gouvernement. Les grandes infrastructures d'utilité publique, les grands aménagements et le logement continueront à bénéficier du soutien du Trésor public. Pour tout le reste, les maîtres d'ouvrage sont invités à procéder à la rédaction d'un cahier des charges et lancer un avis d'appel d'offres pour la réalisation et l'exploitation de commerces ou toutes autres infrastructures économiques ou commerciales. «L'Etat ne peut pas tout faire. Les cafés et les restaurants ne peuvent être financés par l'Etat», a lancé Abdelmalek Sellal, visiblement irrité de voir des locaux commerciaux être réalisés par la dépense publique au niveau de l'aménagement de la façade maritime d'Alger. Ces propos viennent conforter ceux de Mohamed Djellab, ministre des Finances, qui a affirmé, lors de la présentation de la loi de Finances 2015, que le fonds de régulation des recettes est réservé à la couverture du déficit du Trésor et que pour les nouveaux financements, il sera fait, de plus en plus, recours au secteur bancaire. C'est avec cette nouvelle décision que Abdelmalek Sellal a effectué une visite d'inspection à l'aéroport d'Alger. La construction d'une extension de l'aéroport international Houari-Boumediène d'Alger, d'une capacité de 10 millions de passagers par an, y a été officiellement lancée jeudi. «C'est un projet grandiose, il représente l'avenir de l'Algérie», a déclaré M. Sellal après avoir procédé à la pose de la première pierre des travaux de réalisation de ce nouveau terminal. Inscrite dans le cadre du schéma directeur d'aménagement de l'aéroport d'Alger, la nouvelle aérogare est localisée entre le terminal 1 (international) et le nouveau salon d'honneur. Elle sera réalisée sur une superficie de 73 hectares, selon la fiche technique du projet. Les travaux de réalisation ont été confiés à une entreprise chinoise, qui s'est engagée à livrer le projet dans un délai de 40 mois, soit en 2018. L'enveloppe financière est de 90,299 milliards de dinars. Le projet, et au regard de la nouvelle décision en matière de financement de certaines infrastructures, sera financé sur les fonds propres de la Société de gestion des services et infrastructures aéroportuaires (Sgsia) et par des crédits bancaires remboursables sur vingt ans, ont assuré les responsables de la Sgsia. Plusieurs projets de modernisation de l'aéroport d'Alger ont été par ailleurs présentés au Premier ministre, dont une liaison au réseau ferroviaire et une connexion au métro d'Alger. Auparavant, M. Sellal a visité le chantier du grand Opéra d'Alger, un don de la République de Chine à l'Algérie fait à l'occasion de la visite d'Etat du président Bouteflika à ce pays, en février 2004. Implanté dans la commune d'Ouled Fayet et doté notamment de 1 400 places, l'Opéra est réalisé à 75% et sa réception est programmée pour juillet 2015, selon les responsables du projet. En prévision de la mise en service de ce futur Opéra d'Alger, M. Sellal a instruit les responsables concernés de désigner une entité de gestion et de procéder à la formation des personnels. Le Premier ministre a par ailleurs inspecté les chantiers de l'aménagement de Oued El Harrach (partie aval) et de la promenade des Sablettes, dans la commune de Hussein Dey, où il a reçu des explications sur l'état d'exécution des travaux. S'agissant de Oued El Harrach, aménagé à 50% sur 18 km, M. Sellal a demandé l'inscription «immédiate» d'un projet de marina, à hauteur du centre-ville d'El Harrach et la création d'un Epic (Etablissement public à caractère industriel et commercial) pour la gestion des sites de loisirs. Quant à l'aménagement de la promenade des Sablettes, en partie inaugurée en juin dernier, M. Sellal a demandé l'arrêt des constructions de structures de services sur le compte de l'Etat (restaurants, cafés, parkings...) et de les confier aux opérateurs privés dans «le respect des procédures en vigueur en matière de marchés publics». A. E.