Le 1er Novembre, ce jour où quelques hommes, au sens plein et noble du terme, ont décidé de braver la mort et tous les tourments pour faire se lever et se soulever le peuple algérien contre son oppresseur, est une date dont la charge symbolique, historique et émotionnelle doit se traduire à travers tous les canaux, les vecteurs, les supports et les expressions. Et le discours du chef de l'Etat, le Président de tous les Algériens, est assurément l'expression la plus attendue, à l'intérieur comme à l'extérieur du pays, étant celle de la première institution et autorité de l'Etat, qui délivrera un ou des message(s) de première importance. Comme attendu, le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, a délivré, hier, son message à l'occasion de cette journée mémorable qui a marqué d'une pierre rouge le déclenchement de la Guerre de libération, cet «évènement qui transcendera l'impossible pour différencier deux époques que seules la volonté et la détermination d'une poignée d'hommes issus d'un peuple résolument décidé à recouvrer sa liberté et sa souveraineté, rapprochaient», écrit le Président dans son message. Pour souligner la vaillance des révolutionnaires, la difficulté de l'entreprise et la férocité de l'ennemi, M. Bouteflika se contente de rappeler que les desseins de la France n'étaient pas une occupation militaire mais un colonialisme de peuplement. Autrement dit, ce ne sont pas seulement les richesses de l'Algérie qui l'intéressaient, mais la francisation du pays. Et pour ce faire, il fallait que l'Algérien disparaisse, que ce «sauvage» soit dépourvu de sa culture, ses traditions et de sa religion pour être «civilisé» et dissout dans la culture française. Déculturation, francisation de la culture et des référents identitaires, destruction du lien social, spoliation des terres... seront les armes du colonisateur. C'est la fameuse et fumeuse «œuvre civilisatrice du colonialisme». «Le combat libérateur est intervenu après des décennies d'un colonialisme qui a manié le sceptre de fer d'un despotisme sauvage, sans précédent, confisquant à ce peuple toute dignité et tout repère spirituel et matériel, pour se convaincre de sa mainmise définitive sur l'Algérie et sur ses richesses», explique le Président. «Mais les chefs coloniaux ignoraient que ce peuple appartenait à une civilisation antique, matrice de cette âme de résistant et de cette volonté farouche de relever les défis dont il s'est distingué au fil des temps. La Révolution de Novembre 54 fut l'un de ces défis. Une poignée d'hommes ont décidé de changer le cours de l'histoire, après que les mouvements politiques, toutes tendances confondues, eurent épuisé tous les moyens de lutte», ajoutera-t-il. C'est dire la volonté de la France qui acceptera de tordre le cou de la manière la plus ignoble et la plus déshumanisante (tortures, exécutions sommaires, massacres...) aux droits de l'Homme qu'elle a enfanté, pour construire ses sombres projets, même si c'est sur des charniers et des morts. Et elle déploiera toutes ses armes et ses artifices pour y parvenir. «Dans sa tyrannie aveugle, l'occupant a mis en œuvre toute sa machine de destruction pour réprimer la volonté populaire au mépris des conventions humanitaires et des règles de la guerre. Fort de l'appui inconditionnel de ses alliés, il mit le pays à feu et à sang convaincu que la force était le seul moyen d'étouffer la révolte d'un peuple farouchement attaché à sa liberté et à sa dignité. C'est la fameuse et fumeuse «œuvre civilisatrice du colonialisme». C'est dans ce contexte particulièrement difficile, que ces héros de l'Algérie ont mené tout un peuple vers l'exploit et «sont parvenus, grâce à un plan élaboré, imprégné de hautes valeurs humaines et d'une maturité politique certaine, à imposer la volonté du peuple. Ainsi, a retenti à travers le monde l'écho d'un événement majeur, s'étant produit en Algérie, la Révolution populaire qui s'est assignée l'objectif de briser le joug colonial et de recouvrer la souveraineté et la dignité du peuple. Le peuple algérien a ouvert une page glorieuse de son histoire, chargée des hauts faits de guerre et des sacrifices suprêmes de ses valeureux enfants pour la liberté», écrit le chef de l'Etat. Loin de fléchir sous la machine exterminatrice du colonisateur français, «le vaillant peuple algérien a livré un modèle de résistance qui balisera la voie de la libération aux populations opprimées dans les quatre coins du monde. Soutenue par tous les hommes libres de la planète et forte de l'aide morale et matérielle des pays frères et amis, la Révolution est venue à bout de l'oppresseur à l'issue d'une lutte qui a duré sept années et demie», note Abdelaziz Bouteflika. Un tel exploit ne peut que susciter le respect pour ses artisans, la fierté d'être leurs héritiers et l'attachement pour ce pourquoi ils avaient accepté de faire le suprême sacrifice. Mais il y a aussi des enseignements à tirer de cet engagement sans faille dont le plus important est certainement la disposition de tous ces héros à mettre en balance leur vie avec l'avenir et le devenir du pays. «Il n'est d'autre enseignement plus édifiant dont nous pourrions nous inspirer pour pouvoir nous tourner vers l'avenir, un avenir prospère où le développement connaîtra son plein essor et où les réalisations et acquis seront préservés», indique le Président. Optimiste et résolu, il affirme que «cet objectif sera atteint par la consécration du sens du sacrifice pour une Algérie sûre, unie, souveraine et forte notamment dans ce contexte marqué par un bouleversement des valeurs et dans lequel la discorde a frappé bien des nations et des peuples en proie aujourd'hui à la division et au déchirement. Forgé par les expériences et les épreuves qu'il a endurées et conscient des dangers qui pèsent sur le pays et sur la région, le peuple algérien n'hésitera pas à se dresser contre toute velléité d'attenter à son unité et à ses constantes. Il repoussera toute menace à sa sécurité et sa stabilité et poursuivra infailliblement sa marche sur la voie du développement et du progrès en œuvrant à la mise en place des règles d'une démocratie véritable, d'une justice globale et d'un développement durable qui renforceront son immunité». Ça sera l'œuvre civilisatrice de l'Algérie, qui sera le plus cinglant démenti de l'assertion apocryphe du colonisateur. H. G.