La baisse des cours mondiaux de pétrole ont amené de nombreux experts nationaux à s'exprimer, ès qualité, sur les perspectives, les retombées et les «ripostes» que devra mettre en place l'Etat pour minimiser l'impact de cette chute du prix du baril et préserver une liberté de mouvements dans sa gestion. Ces spécialistes s'accordent généralement sur la menace d'une crise économique et financière qu'il faut coûte que coûte anticiper. Mais certains parmi eux précisent qu'il n'y a pas encore péril en la demeure, car l'Algérie dispose de marges de manœuvres qu'il s'agira d'utiliser à bon escient. L'aisance financière que connaît le pays lui permet de faire face à un prix de baril oscillant entre 80 et 90 dollars. Avec une dette extérieure quasi nulle et un Fonds de régulation des recettes (FRR) qui donne à l'Algérie la capacité de résister entre 5 et 7 ans, pour ne citer que ces deux exemples, il y a suffisamment de temps et de moyens pour élaborer et mettre en place les ripostes idoines, qui sont d'une nécessité vitale, à la menace, d'autant plus que cette tendance baissière des prix du pétrole était prévisible. Quelle est la capacité de réactivité de l'Algérie à cette situation ? Là, spécialistes du pétrole et économistes divergent sur les priorités, mais convergent sur les actions à entreprendre. La plupart préconisent l'exploitation des marges de manœuvre encore disponibles pour mettre en place une gestion plus rigoureuse, et transparente, des dépenses publiques. Maîtrise des importations, promotion d'une économie hors-hydrocarbures soutenue par des secteurs, privés et publics, porteurs bien ciblés et redéfinition de la politique sociale, sont les trois voies le plus souvent suggérées. Plus précis, un économiste recommandera une meilleure gestion et exploitation de la ressource humaine, une augmentation des financements accordés à la création d'entreprises, la modernisation du management de l'économie, qui passe par la décentralisation de la décision économique. En attendant la concrétisation de ces ripostes et solutions, les experts plaident pour l'optimisation de l'exploitation des gisements pétroliers et gaziers. Car, arguent-ils, les récentes découvertes en hydrocarbures ne pourront entrer en production que dans 7 à 10 ans. Aussi, faut-il travailler sur l'amélioration du taux de récupération au niveau des gisements en cours d'exploitation en recourant aux technologies nouvelles tels le forage horizontal et la fracturation hydraulique qui ont déjà permis de prolonger la durée d'exploitation du gisement de Hassi Messaoud et d'augmenter ses réserves récupérables d'environ 29%, a indiqué un ancien responsable de Sonatrach. Parallèlement, ces spécialistes préconisent la révision du modèle énergétique et l'optimisation de l'efficacité énergétique, avec le développement des mix qui devraient réduire la demande interne sur les énergies fossiles, au bénéfice de l'exportation. L'option de l'optimisation de l'exploitation des gisements d'hydrocarbures est d'autant plus nécessaire que les experts du monde entier sont d'accord sur la domination du pétrole dans toutes les économies pour la décade à venir, voire plus. Qu'il soit à 50, 100 ou même 200 dollars, le baril sera encore le nerf des économies (80% des besoins énergétiques) au moins jusqu'en 2025. Car, les énergies alternatives, nouvelles et renouvelables, ne pourront être exploitables à grande échelle avant cette échéance, estiment des analystes américains. A l'heure actuelle, la seule énergie qui peut prendre le relais du pétrole est celle atomique. De plus, le gros frein au développement des énergies propres n'est pas tant leur cherté que les résistances des majors de l'industrie et des grands groupes industriels (automobile, armement, aéronautique) aux changements des modes de production qui induiront de gros investissements. Les pressions des environnementalistes, soutenues par les constats scientifiques de la culpabilité des énergies fossiles dans le changement climatique, ont certes réussi à imposer des normes écologiques allant se durcissant, mais n'ont produit que quelques modifications homéopathiques qui ne vont aucunement révolutionner fondamentalement nos modes de vie et nos habitudes de consommation adoptés depuis plus de deux siècles et basés sur des énergies peu coûteuses, faciles à produire, à transporter et à stocker : le charbon, dans un premier temps (19e siècle), le pétrole et le gaz. Ce n'est pas demain, ni après-demain que le vent, le soleil, la biomasse et les biocarburants dameront le pion aux énergies polluantes. H. G.