La question palestinienne continue imperturbablement à grappiller des succès politiques à travers l'Europe, un continent traditionnellement très réfractaire lorsqu'il s'agit de mécontenter l'Etat hébreu. Après le vote des parlementaires français en faveur de la reconnaissance de l'Etat palestinien, la revendication vient de réussir un coup de maître sur le plan symbolique. La France reste comme un des bastions les plus inexpugnables du lobby pro-israélien malgré la sympathie dont jouit la cause palestinienne, notamment dans les milieux de gauche. Après ce vote historique des parlementaires, le gouvernement français se trouve dans l'embarras face à cette question d'une extrême sensibilité. Même sans effet sur le plan officiel, l'Etat palestinien en arrivant à être reconnu au sein des Parlements de pays importants de l'Europe c'est en soi une évolution marquante. D'autant plus que ce vote est le troisième d'un Parlement européen en seulement quelques semaines. Les députés britanniques et espagnols ont déjà appelé leurs gouvernements à reconnaître la Palestine. La décision courageuse de la Suède de reconnaître officiellement l'Etat palestinien a sans nul doute encouragé les parlementaires de certains pays européens qui n'osaient pas, jusque-là, s'engager dans ce dossier sensible. En effet s'afficher franchement, dans certains pays du Vieux continent, pour un Etat palestinien pourrait être assimilé à une posture antisémite. Ainsi le vote des parlementaires français est considéré par certains observateurs comme un moyen de faire pression sur Israël pour qu'il daigne reprendre les négociations de paix, au point mort depuis l'échec de la dernière médiation américaine au printemps. Les Palestiniens posent comme condition sine qua non à leur retour à la table des négociations un gel de la colonisation, qui ne s'est jamais arrêtée depuis Oslo. Cette exigence est rejetée fermement par l'Etat d'Israël, faisant dans l'amalgame en accusant le président palestinien Mahmoud Abbas d'«inciter à la violence» et de ne «pas parler en homme de paix». Jouissant quasiment d'un statut à part dans le droit international, Israël semble être le seul Etat qui peut se permettre de bafouer le droit sans risquer de se faire sanctionner par ce qui fait office de «communauté internationale». En tout cas la dynamique des Parlements européens, émanation des sociétés, semble prendre. Un autre pays européen, et non des moindres, la Belgique, se dit prêt à reconnaître la Palestine comme Etat et sujet de droit international. Des médias belges ont indiqué qu'une résolution sur la question va être déposée et adoptée à la Chambre des représentants, vraisemblablement la semaine prochaine. M. B./Agences