Photo : Riad Par Faouzia Ababsa La Caisse nationale des assurés sociaux a évité de peu la faillite, n'était la vague de réformes qui l'a sauvée. C'est ce qu'a laissé entendre le ministre du Travail et de la sécurité sociale dans un entretien accordé à notre confrère Liberté dans son édition d'hier. «En 2007, les dépenses de la sécurité sociale dans le domaine de la santé ont atteint 141,5 milliards de dinars», a déclaré Tayeb Louh, précisant que la CNAS n'est pas pour autant déficitaire. «C'est parce que, depuis quatre années, il y a eu plein exercice du contrôle […]». En effet, la direction de la CNAS, sur instruction du gouvernement, a entamé une véritable chasse aux mauvais payeurs et autres fraudeurs dans les entreprises, aussi bien publiques que privées, dont les salariés ne sont pas déclarés ou licenciés au bout de trois mois, sans pour autant que la caisse d'assurance sociale n'en soit avisée. Pourtant, les cotisations des uns et des autres sont retenues à la source, contrairement aux professions libérales. Toujours dans le même entretien, le ministre du Travail et de la Sécurité sociale est revenu sur le sacro-saint équilibre financier, précisant justement que c'est l'un des objectifs de la réforme. «Nous avons renforcé la législation à cet effet. Aujourd'hui, par exemple, grâce à un amendement récent, les inspecteurs du travail ont, également, pour mission de contrôler les déclarations, à la CNAS, des travailleurs. Et les contrôleurs de la sécurité sociale eux-mêmes sont désormais des fonctionnaires assermentés. Tout cela a pour conséquence un renforcement du recouvrement… ». Plusieurs entreprises ont été «redressées» par la CNAS. Certaines ont même vu leurs comptes bancaires bloqués (la loi en donne la prérogative à la caisse) parce qu'ayant refusé de payer leurs arriérés. Le ministre du Travail a également évoqué la mise en place de la caisse de recouvrement, instituée par décret il y plus de deux ans, mais qui n'est pas encore opérationnelle. Les raisons invoquées par le ministre se résument en un redéploiement des cadres de la CNAS. Cela côté officiel. Du côté des spécialistes du dossier, la caisse de recouvrement n'est pas bien perçue, notamment par bon nombre de médecins de la CNAS, qui invoquent la faillite de cette dernière. Cependant, la fierté du ministre réside dans l'institution de la carte électronique Chifa. Laquelle devra être généralisée à l'ensemble des assurés sociaux. Selon Tayeb Louh, celle-ci «intervient en phase finale du programme de modernisation […]. Elle est la première du genre en Afrique et sa mise en place graduelle est tout à fait satisfaisante». Chaque assuré, a renchéri le ministre, «aura sa carte avec les indications des ayants droit. Il aura la possibilité de l'utiliser dans n'importe quelle wilaya du pays […]. L'objectif final est que l'assuré social n'aura plus à se déplacer ici et là pour un quelconque document ; les circuits internes de l'ensemble du système [CNAS, CASNOS, CNR] étant habilités à le faire entre eux». Par ailleurs, le ministre a éludé la problématique des prestations fournies par certains centres payeurs et autres agences de la CNAS, affirmant même que par rapport à ces dernières années, les services se sont considérablement améliorés. Pourtant, bon nombre d'assurés sont contraints d'attendre plusieurs mois avant de se voir rembourser leurs frais médicaux. Idem pour les congés de maladie ou de maternité. Ce sont des périodes de 4 à 6 mois pour les premiers et de plus de 8 mois pour les seconds. Curieusement, le sujet relatif au conventionnement avec le médecin traitant n'a pas été abordé dans cet entretien, alors qu'il constitue un thème d'actualité brûlant. Un conventionnement qui n'est pas du goût de certains employés de la CNAS, à travers lequel ils y voient la liquidation pure et simple de cet acquis pour l'ensemble des cotisants. Ainsi, en vertu de la convention, dont le décret devant l'instituer est sur le bureau du Secrétariat général du gouvernement, alors qu'il devait entrer en vigueur en novembre dernier, la CNAS assurera les frais de consultation aux médecins généralistes et spécialisés. Il s'agit du remboursement de 250 DA aux généralistes et 500 DA aux spécialistes. Avec en prime un bonus de 20% si ces praticiens prennent sur eux de faire dans la prévention et prescrivent des médicaments génériques. Enfin, dans l'interview accordée à notre confrère Liberté, Tayeb Louh a démenti les rumeurs selon lesquelles le conventionnement avec les hôpitaux était synonyme de privatisation de ces derniers. Affirmant par là même que la santé publique est de la responsabilité de l'Etat.