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«Les entreprises algériennes ne sont pas préparées à l'accord d'association avec l'Union européenne» Le ministre de l'Industrie, Abdelhamid Temmar, affirme :
Photo : Riad Par Faouzia Ababsa Le ministre de l'Industrie et de la Promotion des investissements a été particulièrement assidu lors des deux journées parlementaires sur le «rôle des Etats et leur intervention dans les économies nationales» qui se sont achevées hier à Djenane El Mithak. C'est normal quand on sait que cette rencontre a été préparée en collaboration avec son département. Toutefois, l'assistance a été quelque peu surprise samedi dernier en fin d'après-midi lorsque l'intervention de Abdelhamid Temmar allait totalement dans le sens de celle de Louisa Hanoune sur les effets de la crise sur notre pays et la politique industrielle. Laquelle s'est interrogée, la veille, sur les objectifs des plans de sauvetage adoptés par les pays développés pour tenter de sauver le système capitaliste qui a atteint son stade final. On a même vu M. Temmar s'asseoir aux côtés de la secrétaire générale du Parti des travailleurs et lui demander de l'aider à convaincre, elle qui a la capacité de le faire, elle qui a interpellé le gouvernement pour qu'il gèle sa politique de privatisation et l'accord d'association avec l'Union européenne. Hier encore, le ministre de l'Industrie et de la Promotion des investissements s'est vu réitérer ses propos. Il est allé même plus loin en faisant une sorte de mea culpa à propos de la vulnérabilité des entreprises, aussi bien publiques que privées. «Nos entreprises, notamment les PME, ne sont pas préparées.» Un constat extrêmement tardif quand on sait que de grands débats avaient été organisés avant la signature dudit accord. Des débats à travers lesquels les partis politiques, les opérateurs publics et privés et l'organisation syndicale ont exprimé leurs craintes et appréhensions. Lesquelles se sont justifiées au fur et à mesure de l'application de l'accord en question. Mais les pouvoirs publics avaient fait la sourde oreille, se contentant seulement de prendre des mesures de replâtrage, comme les qualifient les opérateurs, consistant en certains abattements fiscaux. Ce n'est pas pour autant que l'économie nationale a été boostée. Au contraire. Aujourd'hui, avec la crise financière mondiale, les mêmes pouvoirs publics avouent, par la voix de Abdelhamid Temmar, l'échec de la politique adoptée. Au deuxième jour de la rencontre parlementaire, les intervenants ont mis l'accent sur l'impérieuse nécessité de l'intervention de l'Etat pour la relance de l'économie, à travers la diversification de celle-ci hors hydrocarbures. Abdelhamid Temmar n'en a pas disconvenu. Surtout qu'il a constaté comme le commun des mortels que les Etats occidentaux sont en train de puiser dans leur trésor pour aider les entreprises privées et les banques qui ont déclaré faillite. Ce qu'ils interdisaient aux pays fragilisés, il y a quelques années, ils se le sont permis aujourd'hui pour la survie de leurs économies afin d'éviter l'explosion de ce qu'on appelle la bulle sociale. C'est d'ailleurs ce qu'a rappelé Abdelkrim Harchaoui en parlant des contradictions fondamentales dans le discours des Occidentaux. «Les politiques publiques qui nous étaient interdites sont aujourd'hui celles qui sont adoptées par eux. La stabilisation en Algérie a été réalisée par une réduction drastique des dépenses budgétaires, la maîtrise des dépenses publiques et surtout une hausse exceptionnelle des taux d'intérêt de 25%, au point où nous avons bloqué toute initiative d'investissement et nous avons surchargé les entreprises publiques et privées par une masse d'intérêt et d'agios bancaires, à telle enseigne que la situation s'est aggravée», a indiqué l'ex-ministre des Finances. Et d'ajouter : «La crise, c'est le resserrement des flux et des crédits. Aujourd'hui, les taux d'intérêt varient entre 0 et 2%. Il y a désengagement de la part des banques centrales. Elles sont devenues les prêteurs de l'unique recours. Les Etats soutiennent les banques, les marchés interbancaires, les entreprises et la consommation des ménages. La chute de la demande globale est réelle. Le risque, c'est qu'elle soit durable. Le problème, c'est comment éviter à travers le monde une récession longue et profonde. Car, si elle s'installe, même les pays les moins touchés risquent d'être entraînés dans cette spirale. Le dégel des marchés par la relance de la consommation et le soutien, cela peut conduire à des effets inverses.» Issaad Rebrab est revenu sur le manque de confiance de l'Etat dans les investisseurs. «Il faut extirper la suspicion et la méfiance. Le dialogue entre l'Etat et les hommes d'affaires doit être institutionnalisé», a notamment déclaré le patron du groupe Cevital qui s'est plaint de ce que des projets soient encore bloqués au niveau de l'ANDI. M. Rebrab estime que l'Algérie est parfaitement capable de réaliser une croissance à deux chiffres pour peu que la volonté politique et la confiance soient présentes. «A quelque chose malheur est bon.» C'est M. Bahloul qui reprend à son compte cet adage. Car il estime que cette crise aura au moins le mérite de secouer tout un chacun et de repositionner notre économie. La rencontre s'est achevée par l'intervention de Abdelhamid Temmar qui a déclaré qu'il allait élaborer un rapport de tout ce qui a été dit et entendu lors de ces deux journées au profit du gouvernement.