Photo : Riad Par Abderrahmane Semmar Aujourd'hui encore, dans notre pays, des pans entiers de la société ne sont pas affiliés à la Sécurité sociale. Ils sont même très nombreux ces Algériens nécessiteux qui ne disposent d'aucune carte d'assurance sociale. Pis, il n'y a pas seulement les pauvres, les marginaux et les chômeurs qui se retrouvent exclus de la sécurité sociale puisque même des citoyens travailleurs et actifs dans des entreprises ne bénéficient d'aucune couverture sociale. Pour rappel, une enquête de l'Office national des statistiques, rendue publique en 2006, a démontré que près de 50% des Algériens en activité ne sont pas déclarés à la Caisse nationale de l'assurance sociale (CNAS). Dans le monde rural, les occupés, qui ne sont pas affiliés à la Sécurité sociale, représentent pas moins de 60,7%, alors que les occupés touchés par cette même exclusion dans le monde urbain sont estimés à 41,4%. Concernant la proportion des occupés non affiliés à la sécurité sociale, selon la situation dans la profession, l'enquête de l'ONS a fait ressortir que 70% de l'ensemble des employeurs et indépendants, 76,9% des salariés non permanents et apprentis et 5,5% des salariés permanents ne sont pas affiliés à la sécurité sociale. Et depuis 2006, malheureusement peu de choses ont évolué afin de garantir une réelle protection sociale pour l'ensemble de ces citoyens. Pour preuve, des malades chroniques n'hésitent plus à lancer un véritable cri de détresse pour interpeller les pouvoirs publics sur leur pitoyable sort. Et pour cause, selon plusieurs associations de malades, des millions de patients, souffrant de diabète, de cancer, d'hypertension artérielle, d'asthme et d'autres maladies chroniques ou invalidantes, ne jouissent d'aucune couverture sociale. Dépourvus de carnet de gratuité de soins, ces malades se retrouvent livrés à eux-mêmes pour assumer les frais de leur traitement. Pour remédier à cette situation, le gouvernement a pris conscience de la nécessite de réformer la Sécurité sociale. Sans cette réforme, la CNAS aurait été carrément mise en faillite, a avoué, récemment Tayeb louh, ministre du Travail, de l'Emploi et de la Sécurité sociale. Une réforme axée essentiellement sur les relations entre les assurés et les entités prestataires de la Sécurité sociale doublée d'un programme d'assainissement dans les structures des assurances sociales en Algérie. «Des agences n'ont pas été contrôlées par exemple pendant vingt ans. Il s'est passé qu'au sein du système de sécurité sociale, les entités prestataires exerçant sans aucun contrôle, il n'y avait plus ni suivi ni évaluation. Nous avons institué par conséquent un mécanisme de contrôle périodique, et cela pour changer un certain état d'esprit, fait de laisser-aller, voire de malversations, qui prévalait dans la gestion des caisses de Sécurité sociale. C'est un vaste programme qui a été établi dans le sens d'une meilleure prise en charge au niveau des structures d'accueil, un programme qui est en cours. Nous voulons aller vers des situations où l'assuré pourra se sentir réellement pris en charge, dans tous les sens du terme, dans les structures d'accueil des caisses et à tous les niveaux. Et le contrôle que nous avons institué fera le nécessaire pour cela», a expliqué le ministre dans les colonnes de la presse nationale tout en assurant également que la généralisation de la carte «Chiffa» se poursuivra à travers tout le pays. Le nombre total des bénéficiaires de ladite carte devra dépasser les trois millions. Mais est-ce que cela sera suffisant pour assurer une protection sociale à tous les Algériens ? Le prochain Président devra répondre sérieusement à cette question car ce problème est l'une des préoccupations majeures de nos citoyens.