Cette rencontre organisée conjointement par le Caert et le Comité des services de renseignement de sécurité en Afrique, a passé en revue le plan d'activité de 2O14 du Centre et a analysé la situation actuelle du terrorisme sur le continent. Avant le début des travaux, qui se tiennent comme à leur habitude à huis clos, les participants ont, dans leurs différentes interventions, fait état du rôle important du Caert ainsi que des actions à mener pour vaincre le terrorisme. Mais certains n'ont pas manqué de prévenir du danger grandissant du terrorisme en Afrique en avançant des chiffres alarmants de «plus de 4 000 combattants africains qui ont rejoint les rangs de Daech». Le représentant de l'Union africaine, Boullah Ould Mougueya, a été le premier à prévenir en déclarant : «Des groupes djihadistes vont se constituer menaçants pour les pays de la région.» Une seconde mise en garde a été formulée par le Commissaire à la paix et à la sécurité (CPS) de l'Union Africaine (UA), Smaïl Chergui. Il a mis en garde contre «la menace terroriste qui pèse sur le continent africain et l'incidence de ce phénomène s'il n'est pas combattu à temps». Selon lui, le terrorisme connaît une nette recrudescence ces dernières années dans plusieurs régions d'Afrique. Pour étayer ses dires, M. Chergui a rappelé les attaques perpétrées dans plusieurs régions du continent, dont l'attentat contre la Grande mosquée de Kano au Nigeria qui, bien que n'ayant pas été encore revendiqué, porte l'empreinte du groupe Boko Haram, ou encore ce qui se passe en Afrique de l'Est où les Shebab ont perpétré des attaques barbares dans la région de Mandera. M. Chergui a également souligné l'impact des évènements en cours au Proche-Orient sur d'autres régions du monde. A ce propos, il n'a pas manqué d'évoquer Daech et son influence sur les groupes terroristes en Afrique comme cela a été le cas pour le groupe Jound al Khilafa qui avait pris en otage, puis brutalement assassiné, le touriste français en Kabylie. Selon les estimations, plus de 4 000 combattants africains ont rejoint les rangs de Daech et «participent à des actes barbares dans la région», a affirmé M. Chergui. Ces éléments constituent, selon lui, une «sérieuse menace» une fois de retour au continent, notamment dans le cas d'un échec de la mise en place des mécanismes nécessaires pour traiter la question de ces combattants conformément à la loi. «La menace à laquelle nous faisons face aujourd'hui doit nous rappeler que le terrorisme et l'extrémisme ont un impact à grande échelle, notamment lorsqu'ils ne sont pas combattus à temps et de manière soutenue», a insisté l'intervenant avant de conclure qu'«en dépit des avancées réalisées dans la mise en place d'un cadre de référence et global de lutte antiterroriste en Afrique, il n'en demeure pas moins que les graves lacunes en matière d'application constituent une véritable préoccupation, ce qui pourrait entraver la lutte de l'Afrique contre le terrorisme et l'extrémisme violent». Le directeur Afrique au ministère des Affaires étrangères, Ahcène Kerma, a tenu, lors de son intervention, à faire part de l'engagement de l'Algérie à soutenir «immanquablement toutes les actions qui pourraient contribuer à vaincre définitivement le terrorisme». Il a rappelé que l'Algérie a payé un «lourd tribut» pour «pouvoir vivre aujourd'hui en paix et en sécurité», ajoutant que «sa lutte implacable durant les années 90, souvent seule, à l'heure où personne ne mesurait le véritable danger du terrorisme, l'avait dotée d'une vision claire et d'une connaissance avérée de ce qu'est réellement ce phénomène». Et cette expérience de lutte antiterroriste «l'Algérie tient à la partager avec l'ensemble de ses partenaires confrontés, plus que jamais, à une multiplication sans pareil d'actes terroristes», a conclu le diplomate. Le représentant de l'Union africaine a appelé pour sa part à une évaluation des mécanismes de sécurité mis en place par les pays de la région, en vue d'assurer une lutte antiterroriste «efficace». «Devant l'évolution grandissante de cette menace, il est nécessaire que les dirigeants des pays de la sous-région procèdent à une analyse des différentes solutions qui ont été apportées pour lutter contre ce phénomène», a déclaré ce responsable ajoutant que «l'expérience nous a démontré que la force militaire ne suffit pas pour combattre ce phénomène. La lutte passe inévitablement par une connexion entre la sécurité et le développement, ainsi que d'autres solutions politiques, notamment la bonne gouvernance et la défense des droits de l'Homme dans une stratégie globale et profonde». Le même responsable a relevé que le terrorisme représentait la menace «sans doute la plus sérieuse, compte tenu de sa nature sournoise, de sa capacité destructrice et déstabilisatrice». Il a rappelé que ce phénomène a des ramifications avec le trafic de drogue, le blanchiment d'argent et le crime organisé, d'où, a-t-il dit, la nécessité d'une «réelle vision» et d'une coopération régionale et internationale pour l'éradiquer. Evoquant enfin le conflit malien, il a indiqué qu'il était «certainement celui qui avait plus d'incidence sur la région en terme de menace terroriste. Car, malgré les revers infligés aux groupes terroristes du Nord-Mali, l'insécurité persiste et la menace terroriste connaît des extensions vers d'autres pays de la région. Cette dernière connaît une dissémination à très grande échelle d'importantes quantités d'armement en provenance de la Libye. Ces arsenaux sont tombés entre les mains des terroristes et des narcotrafiquants». H. Y. Le rôle du CAERT mis en exergue Les travaux de la huitième réunion des points focaux du Centre africain d'études et de recherche sur le terrorisme (Caert) ont coïncidé avec le 10e anniversaire de la création du Centre. Cela a été alors une occasion pour les intervenants d'évoquer le rôle du Caert et son apport dans la lutte contre le terrorisme sur les plans continental et international. Il a ainsi été fait état des efforts du Caert qui oeuvre pour la collecte, l'analyse et la diffusion, au profit de l'UA et des Etats africains, de l'information sur les activités terroristes criminelles et la prolifération des réseaux de groupes armés. Le directeur du Caert, Francisco Caetano Jose Madeira qui n'a pas manqué de faire part du soutien de l'Algérie au Centre pour lui permettre d'accomplir sa mission, a qualifié cet organisme d' «instrument important» mis à la disposition de l'UA pour «mieux combattre» le terrorisme. Pour sa part, le commissaire à la paix et à la sécurité (CPS) de l'UA, Smaïl Chergui, a souligné l'expérience acquise par le Caert en tant qu' «institution importante» pour le travail du CPS, notamment en ce qui concerne les activités des points focaux sur les plans national et régional. «L'engagement est là. Il est indispensable d'améliorer les moyens de lutte pour remplir notre rôle continental et international. Là, il faut identifier les carences et apporter l'efficacité nécessaire avec l'aide qu'offre le Caert», a dit M. Chergui à l'adresse de l'assistance parmi laquelle se trouvaient les représentants des pays africains, des Communautés économiques régionales, d'organisations et de partenaires au développement. De son côté, l'ambassadeur de la Mauritanie en Algérie, Boullah Ould Mougueya, dont le pays est président en exercice de l'UA, a mis l'accent sur l'importance d'exploiter et d'actualiser les données relatives à la recrudescence des activités terroristes qui menacent la sécurité, la démocratie et freinent les efforts du développement menés par les Etats d'Afrique. Enfin, le directeur général des Affaires africaines au ministère des Affaires étrangères, Ahcène Kerma, a affirmé, quant à lui, que l'Algérie «continuera immanquablement à soutenir toutes les actions et initiatives qui pourraient, à l'image du Caert, contribuer à vaincre durablement et définitivement ce terrible fléau qui est le terrorisme». H. Y.