Le Commissaire à la paix et à la sécurité (CPS) de l'Union Africaine (UA), Smail Chergui, a mis en garde dimanche à Alger contre la menace terroriste qui pèse sur le continent africain et l'incidence de ce phénomène s'il n'est pas combattu à temps. M. Chergui a indiqué à l'ouverture de la 8e réunion des points focaux organisée par le Centre africain d'études et de recherche sur le terrorisme (CAERT), que cette rencontre intervenait dans un contexte marqué par la montée du terrorisme dans plusieurs régions d'Afrique, rappelant les attaques perpétrées dans plusieurs régions du continent. "La menace à laquelle nous faisons face aujourd'hui doit nous rappeler que le terrorisme et l'extrémisme ont un impact à grande échelle, notamment lorsqu'ils ne sont pas combattus à temps et de manière soutenue", a déclaré M. Chergui lors de cette rencontre qui coïncide avec le 10e anniversaire de la création du CAERT. La région du Sahel "a longtemps souffert des actes terroristes perpétrés par la branche d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi)", a-t-il dit. "Cette organisation dont les dirigeants se terrent dans des refuges lointains, a terrorisé le monde", a-t-il indiqué, tout en rappelant l'attentat contre la Grande mosquée de Kano au Nigeria qui, bien que n'ayant pas été encore revendiqué, porte l'empreinte du groupe "Boko Haram". M. Chergui est, d'autre part, revenu sur ce qui se passe en Afrique de l'Est où le groupe les "Shebab" ont perpétré des attaques barbares dans la région de Mandera ce qui "montre l'évolution de la menace qu'ils (les Shebab) font peser sur la paix et la sécurité régionales". Il a également souligné l'impact des évènements en cours au Proche Orient sur d'autres régions du monde. "Ce qui se passe actuellement au Proche Orient constitue une source d'inspiration pour les groupes terroristes en Afrique et pousse un grand nombre de nos jeunes à quitter leur pays pour rejoindre les groupes djihadistes sous l'effet d'une idéologie tortueuse et des promesses fallacieuses", a-t-il dit avant de citer le groupe "Jound al Khilafa" qui avait pris en otage puis brutalement assassiné un citoyen français en Algérie". Il a ajouté que ce groupe s'était "engagé à prêter allégeance à l'organisation autoproclamée +Etat Islamique+ (Daech). Le groupe Boko Haram a, lui, perpétré plusieurs attaques au moment où d'autres groupes en Libye et en Tunisie s'étaient engagés à prêter allégeance à Daech, a encore fait observer M. Chergui relevant que selon les estimations, plus de 4.000 combattants africains ont rejoint les rangs de "Daech" et "participent à des actes barbares dans la région". Ces éléments constituent, selon lui, une "sérieuse menace" une fois de retour au continent notamment dans le cas d'un échec de la mise en place des mécanismes nécessaires pour traiter la question de ces combattants conformément à la loi". Il a rappelé que la réunion au sommet tenue par le CPS en septembre dernier avait souligné que le traitement du terrorisme nécessitait une "action multidimensionnelle". Pour M. Chergui, cette question "exige des efforts sérieux et soutenus" aussi bien de la part des Etats membres et des regroupements économiques régionaux que de la communauté internationale. En dépit des "avancées réalisées dans la mise en place d'un cadre de référence et global de lutte antiterroriste en Afrique, il n'en demeure pas moins que les graves lacunes en matière d'application, constituent une véritable préoccupation, ce qui pourrait entraver la lutte de l'Afrique contre le terroriste et l'extrémisme violent", a-t-il conclu.