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Abdelouahab Mokrani, une fresque de la déchirure
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Publié dans La Tribune le 11 - 12 - 2014

Wahab ne rate pas les occasions pour barber son environnement humain, avec ou sans raison apparente. Il en veut à tout le monde, même lorsqu'il est au meilleur de sa forme. Quand la maman est contente de sa journée et ne se plaint de rien, de ses maux de tête fréquents. De la hantise de quoi elle évite de crier son prénom lorsqu'il tarde trop dans sa chambre -c'était la seule personne au monde à qui il ne fait pas la remarque sur l'appellation complète de son prénom. Wahab peut ne pas répondre à un salue amical, un signe de la main chaleureux, mais il est capable d'enlacer terriblement pour un sourire sur sa façon de dénigrer une œuvre faite sur commande.
Dans les années soixante-dix, après les Beaux-arts d'Alger ou dans les moments de vacances, durant ceux de Paris, il vous saute dessus au moindre geste ou regard anodin contre ce que vient de dire un ami dans la causerie sur l'art moderne. Et puis quand vous agréez que Vladimir Maïakovski est beaucoup plus peintre que poète, vous avez, alors, droit à une bien fraîche de sa part, deux ou trois autres, si vous reconnaissez que Vincent Van Gogh, avec Issiakhem, est le meilleur peintre de tous les temps. Et qu'il se fut donner la mort parce qu'il ne pouvait pas en être autrement. Ressentant la puissance de l'art beaucoup plus intense que l'ardeur de l'esprit pour la contenir.
A son retour de Paris -où il a appris la subtilité de l'art de la gravure- il ne manquait pas un jour sans qu'il n'aille au Boulevard du Telemly voir ce qu'il en retourne dans la formation. «Le criminel revient toujours sur le lieu du crime», qu'il disait alors à ses anciens maîtres. Il se fait la promesse de s'assagir en fréquentant beaucoup M'hamed Issiakhem, qui laisse pour lui grandes ouvertes les portes de sa maison et de son atelier. Il ne sait pas au début que son aîné est gravement malade, il accepte les volées de bois vert sur les recherches qu'il lui montre - pourtant l'auteur de Femme en bleu racontait alors aux amis que Mokrani était «en train de s'installer diaboliquement bien dans l'art et qu'il domine des pieds et des mains les grands défis de la peinture algérienne, la maîtrise sur le chaos».
Lorsque Wahab apprend la nouvelle sur l'irréversibilité du mal qui a atteint Issiakhem, il s'enferme chez-lui pour ne sortir que rarement, durant la nuit. Ce fut l'une des périodes de sa vie la plus taciturne, la moins exubérante dans les rencontres. Une période où il travaillait des personnages en mer -parce qu'il passait des journées entières au balcon à regarder l'azur dans les moments diurnes. Puis il les détruisait, avant de refaire d'autres et les saccager ensuite. A la mort du grand maître, Wahab ne se maîtrise plus dans la rue, il fait du grabuge après le verre de trop et se retrouve en taule. «Là, j'ai été dans le chaos charnel, dessiner dans les corps paisibles des âmes tourmentées», a dit Wahab, pour expliquer les esquisses des tatouages, à Chérif Hamouche, un ami commun, professeur d'histoire de l'art.
Le chaos. Le maître-mot dans le monde de ce natif de Taher à Jijel. Et de le vivre, «tout corps d'état d'âme» - selon Issiakhem. Quelques semaines après la mort de Kateb Yacine, dans sa maison au Centre familial, il y a fait durant toute la nuit des croquis sur l'écrivain, qu'il a perdu en même temps qu'un lot de plusieurs toiles achevées. Il s'en prend le lendemain à Merzouk Hamiane, le «serviteur de la demeure», avec une violence inouïe, sur uniquement les ébauches. «J'en ferai autant sinon mieux, mais sur Kateb il faut beaucoup de vigilance et des moments de passions limpides pour ne pas hurler avec les loups !» Le temps a beaucoup passé et Wahab ne l'a pas fait. Il a choisi une nuit pour réunir avec lui toutes les ombres familières -qui ne trompent pas- et faire, avec, le grand pas vers ce qui lui manquait le plus terriblement : la déchirure suprême.
N. B.


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