Le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, a présidé, hier à Alger, un conseil restreint qui s'est consacré à l'étude des retombées que pourrait avoir la chute des prix du pétrole sur l'économie du pays, a indiqué l'APS. Autour de la table étaient réunis les premiers responsables de l'Etat : le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, le directeur de cabinet de la présidence de la République, Ahmed Ouyahia, et le vice-ministre de la Défense nationale, Ahmed Gaïd Salah. A leurs côtés, il y avait les responsables des secteurs concernés par les hypothétiques impacts de la baisse des cours du baril qui sont les ministres des Finances, Mohamed Djellab, de l'Energie, Youcef Yousfi, de l'Industrie, Abdesselam Bouchouareb, du Commerce, Amara Benyounès, de l'Agriculture, Abdelouahab Nouri, le ministre délégué chargé du Budget et de la Prospective, Hadji Baba Ammi, ainsi que le gouverneur de la Banque d'Algérie, Mohamed Laksaci, et le conseiller du président de la République, Karim Djoudi. La réunion devait examiner les différentes pistes qui permettraient à l'Algérie de faire face à cette tendance baissière du pétrole. Car, si elle s'inscrit dans la durée -ce qui n'est pas exclu par différents analystes- elle pourrait impacter les équilibres financiers du pays qui a, certes, pris des dispositions pour les court et moyen termes, mais devrait tracer des perspectives pour éviter de fâcheux déséquilibres dans ses finances. L'Algérie a, en effet, anticipé en procédant au remboursement de sa dette extérieure et en calculant ses budgets sur un baril à 37 dollars, ce qui lui permit de constituer un Fonds de régulation des recettes. C'est grâce à ce matelas financier qu'elle peut aujourd'hui, sur décision du Président, maintenir ses politiques d'urbanisme sans toucher aux programmes de construction de logements décidés, sociale et sanitaire. Le chef de l'Etat a également donné des instructions pour exclure tout recours à des crédits extérieurs qui pourraient remettre en question la souveraineté et l'indépendance de l'économie nationale.Toutefois, l'aisance financière actuelle reste fortement dépendante des exportations pétrolières qui constituent la première ressource financière du pays dont les marges de manœuvres iraient se réduisant s'il ne reconsidère pas ses dépenses, par ordre de priorités et de besoins réels. Le chef de l'Etat l'a compris et a pris les décisions qui s'imposent. Tout en affirmant que l'Algérie dispose d'une «certaine marge de manœuvre» pour faire face à l'actuelle crise du prix du pétrole qu'il a qualifiée d'«inquiétante», M. Bouteflika exigera toutefois la «rationalisation» de la dépense publique, des importations et de la consommation interne d'énergie. «Face à cette inquiétante crise, l'Algérie dispose d'une certaine marge de manœuvre résultant d'un désendettement public anticipé quasi-total», a déclaré le Président. Il a indiqué que cette marge de manœuvre résulte également «des réserves de change constituées, ainsi que de l'épargne publique accumulée au niveau du Fonds de régulation des recettes». Le Président demandera au gouvernement de s'atteler à la rationalisation de la dépense publique, notamment au niveau du budget de fonctionnement, de veiller à la rationalisation des importations et au renforcement du contrôle des opérations de financement du commerce extérieur, pour «prévenir toutes formes d'évasion de capitaux». «Le secteur de l'énergie est chargé de promouvoir la rationalisation de la consommation interne d'énergie, de promouvoir la transition énergétique grâce au développement des énergies nouvelles et renouvelables, et d'accroître la recherche et l l'exploitation des hydrocarbures, y compris non conventionnels», a-t-il instruit. M. Bouteflika a instruit, par la même occasion, le gouvernement d'«exclure toute remise en cause de la politique d'investissements publics qui demeure le moteur de la croissance et de la création d'emplois et qui permet aussi de répondre aux besoins sociaux de la population, notamment dans les domaines de l'éducation, de l'enseignement et de la formation, de la santé et du logement». A ce titre, le programme quinquennal d'investissements publics «sera maintenu», tout en adaptant le rythme et les priorités de lancement des nouveaux projets et en veillant aussi à la «maîtrise de leurs coûts», a affirmé Abdelaziz Bouteflika qui a ainsi tracé la feuille de route du gouvernement en ce qui concerne la rationalisation des toutes les dépenses, en gardant en vue les priorités et les besoins réels. H. G.