Merzak Meneceur Le crime odieux et abject commis contre l'équipe du journal Charlie Hebdo par deux terroristes au nom de leur islam pervers, peut s'avérer comme une aubaine à cette frange de Français très minoritaire prête à s'en prendre aux croyants de la dernière religion révélée. Pour cette frange, c'est une opportunité pour faire avancer son discours xénophobe, sans exclure des actes de violence. L'amalgame musulman-terroriste est son fonds de commerce politique. D'ailleurs, dès mercredi, Le Front national qui slalom entre son soi-disant nouveau discours de parti politique «normal» et son idéologie de rejet, n'a pas hésité, tant par la voix de sa présidente que par celle de son numéro 2, d'attribuer la cause du terrorisme à «une immigration massive» qui n'existe que dans son imagination. Pire, ses satellites, comme le Bloc identitaire et Riposte laïque, n'ont pas mis de gants pour exprimer leurs pensées. Pour le premier, «personne ne pourra prétendre lutter contre le djihadisme sans remettre en cause l'immigration massive et l'islamisation de notre société». Le second a appelé à dénoncer «l'islamisation de la France» en accusant le ministre de l'Intérieur de «complaisance envers les soldats d'Allah». Pour les islamophobes des mots aux actes il n'y a qu'un petit pas, d'ailleurs franchi dès la nuit de mercredi à jeudi. Trois lieux de culte musulmans ont été les cibles de grenades et d'armes à feu. Au Mans, trois grenades dites «à plâtre» ont été lancées vers 0h30 contre une mosquée et des balles tirées sur la salle de prière où il n'y avait personne. Le porte-parole du gouvernement s'est rendu jeudi dans cette ville pour rassurer la communauté musulmane, pour réaffirmer la détermination de l'Etat à n'admettre aucune attaque contre toute religion et appeler les Français, après le président de la République et le ministre de l'Intérieur, à rejeter tout amalgame dans ce moment douloureux que traverse le pays. Les deux autres actes de violence d'islamophobes ont eu lieu à Port-la-Nouvelle (département de l'Aude et à Villefranche-sur-Saône (Dpt du Rhône). Dans la première ville ce sont des coups de feu qui ont été tirés vers 20h en direction d'une salle de prière musulmane vide. Dans la seconde, selon le procureur de la République, «un engin artisanal déposé devant l'entrée du snack, à quelques mètres de la mosquée, a explosé à 5h 45». La façade de ce snack, dont les murs appartiennent à la mosquée, a été soufflée sans faire d'autres dégâts. Donc c'est par des mots et des actes de violences que se manifestent déjà les islamophobes, qui entendent tirer profit d'une conjoncture favorable à leurs desseins. Ce qui suscite de vives inquiétudes au sein de la communauté musulmane, qui s'attend à vivre des semaines difficiles. M. M.