Organisé dans le cadre du Forum culturel Auressien (FCA) sur une initiative de l'association des Amis d'Imedghassen et de l'université de Batna, le documentaire Merci pour la civilisation a été projeté samedi passé à Batna en présence de son réalisateur Nazim Souissi. Au cours du débat qui a suivi la projection au Centre de recherche scientifique de l'université de Batna, le réalisateur Nazim Souissi a estimé que Merci pour la civilisation est un éclairage destiné à raviver la mémoire sur les premières années de la présence française en Algérie, entre 1830 et 1834 et permettre au public, notamment aux jeunes, de découvrir le caractère destructeur de la colonisation française en Algérie, présentée alors comme une expédition civilisatrice. Une période pas assez connue, parfois occultée par certains historiens français intéressés en raison des exactions, souvent atroces, commises par les civilisateurs et que Souissi a voulu rappeler au jeune public algérien souligne l'APS. Un hommage posthume a été rendu, à l'occasion de la projection, au cinéaste anti-colonialiste français disparu, René Vautier, décédé le 3 janvier dernier à l'âge de 87 ans. Au cours de l'animation de ce débat, le réalisateur s'est réjoui du fait de la réaction du parterre d'universitaires, de chercheurs en histoire, d'intellectuels et d'étudiants, l'objectif a été largement atteint. Pour Nazim Souissi, «beaucoup ont découvert pour la première fois des faits et des détails qui donnent un éclairage nouveau à cette période précise qui a bouleversé le destin de tout un peuple». Ce film documentaire de 69 mn est construit en une succession de séquences indépendantes les unes des autres, mais constituant chacune un exemple édifiant montrant plusieurs visages du fait prétendu civilisateur de la France. Il s'agit, a ajouté le réalisateur du documentaire, de «multiplier les passerelles entre le passé et le présent, d'éclairer certaines zones d'ombre et de rompre avec la vision coloniale en synthétisant les résultats de quelques recherches entreprises autour de la question de la colonisation de l'Algérie». En portant un intérêt marqué à certains aspects sous-analysés du fait colonial, l'auteur et la co-scénariste Zineb Merzoug refusent manifestement de cautionner l'occultation du caractère particulièrement sauvage du colonisateur durant les toutes premières années de la conquête française commandée par le général de Bourmont. Plusieurs étudiants approchés par l'APS à l'issue du débat ont estimé que le film de Souissi exhume une histoire vieille de plus de 180 ans et ne peut que contribuer à l'écriture de l'Histoire de l'Algérie à laquelle le ministre des Moudjahidine ne cesse d'appeler. Le réalisateur a rappelé, dans ce contexte, la volonté de la France coloniale de sapproprier l'Histoire de l'Algérie en s'emparant des archives de cette période de l'occupation du pays. Une période de souffrances, de larmes et de sang qui constitue un pan important de l'histoire de la colonisation que certains veulent dissimuler dans une tentative de brouiller les repères de l'identité algérienne. R. C.